Sur la rive surinamaise du Maroni, on achète du mercure sans contrôle à 50 euros les 300 grammes. Nous en avons acheté en caméra cachée en 2022, en face de Maripasoula. Les chercheurs d’or clandestins utilisent ce produit toxique pour récupérer l’or. Chaque année, plusieurs tonnes de mercure entrent illégalement en Guyane, contaminant poissons et populations.
En 2018, le Surinam a ratifié la convention internationale de Minamata, qui vise à interdire l’usage du mercure, mais il est toujours importé clandestinement. Ce thème a été abordé les 12 et 13 juin à Paramaribo lors d’un séminaire sur la lutte contre la criminalité organisée dans le secteur minier au Surinam.
"Notre pays le Surinam témoigne Ronny Aloema, député VHP du Surinam, n'accorde plus de licence pour importer du mercure parce que nous avons signé la convention de Minamata en 2018. Durant mes recherches j'ai constaté qu'une petite partie venait du Guyana où cela est légal. Le mercure arrive aussi par bateau, par le port en énorme quantité car pour récupérer un kilo d'or il faut 1,3 kg de mercure."
Parmi les participants à ce séminaire, des acteurs de la lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane. Chaque année, des dizaines de kilos de mercure sont saisies côté guyanais, mais les enquêtes s’arrêtent à la frontière surinamaise explique le Commandant Eric Cantet, chef du détachement Guyane de l'Office central de luttes contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) :
"La difficulté c'est la coopération transnationale ou internationale et le but de notre présence ici c'est de bien nous identifier en tant qu'acteur sur ce volet et de développer les actions internationales qui sont un complément de celles déjà en cours. Mais il faut les développer, les pérenniser de façon à pouvoir obtenir des résultats significatifs dans nos enquêtes."
Au Surinam, une bonne partie de la production aurifère se concentre dans la région du Maroni mais les moyens de contrôle manquent et la corruption freine la lutte contre les trafics déplore Ronny Aloema : "C’est un énorme problème, la corruption, il n’y en a pas qu’au Surinam, mais chez nous, les gens sont faciles à corrompre et facilitent la corruption. C’est un cancer dans notre économie et pour nos politiciens"
À l’image de ce député du parti présidentiel, des élus s’engagent au Surinam contre la criminalité organisée en sollicitant des soutiens internationaux, telle l’Organisation des Etats Américains, principal organisateur de cette réunion à Paramaribo.