Coronavirus : les raisons de la réactivation du plan blanc dans les trois hôpitaux de Guyane

Le service de réanimation du CHC

L’agence régionale de santé a annoncé la réactivation du plan blanc dans les trois établissements hospitaliers de Guyane. Les opérations de chirurgie non urgentes sont déprogrammées, les hôpitaux se réorganisent. Leur capacité d’admission atteint une première limite. 

L’agence régionale de santé a annoncé la réactivation du plan blanc dans les trois établissements hospitaliers de Guyane, pour faire face à l’accélération de l’épidémie. Les opérations de chirurgie non urgentes sont déprogrammées pour libérer des soignants, les hôpitaux se réorganisent. Leur capacité d’admission atteint une première limite, d’autant plus qu’une partie croissante des soignants est elle-même atteinte du coronavirus.
La situation devient critique dans les centres hospitaliers de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. L’épidémie de Covid s’intensifie. Pour y faire face, les hôpitaux réactivent le plan blanc :

« Nous avions 26 patients hier, et il peut en arriver trois ou quatre en une même journée. Donc on est vraiment dans une situation de quasi débordement, et les professionnels de santé de services de soin critiques sont eux-mêmes touchés par le Covid. Donc même nos trente lits sont difficiles à armer en ressources humaines parce qu’on a des soignants qui sont malades »

.Clara de Bort, directeur de l’agence régionale de santé

 

Une capacité restreinte

Armement d'un lit de réanimation

A tel point, que le directeur médical de crise évalue à 10 % la part des personnels soignants actuellement absente à l’hôpital de Cayenne. 15 % à Saint-Laurent-du-Maroni. La campagne de vaccination des agents n’a pas produit d’effet. La capacité d’admission de nouveaux patients devient de plus en plus restreinte.

« 29 lits consacrés au Covid, pour l’ensemble du territoire aujourd’hui, mais avec la capacité de monter en puissance si le besoin s’en faisait sentir. Cette capacité ne dépendant que de la disponibilité en ressources humaines, puisque tout l’équipement y est ».

Professeur Félix Djossou, directeur médical territorial de crise

 

Arrêt des activités non essentielles

Service des urgences de l'hôpital de Cayenne

L’appui apporté par les personnels soignants venus de l’Hexagone au cours de la première vague ne pourra pas être renouvelé avec la même ampleur. Mais le plan blanc permet des réorganisations importantes, notamment l’arrêt des activités non essentielles, pour accueillir plus de patients.

« Ca amène par exemple à supprimer les congés, ça amène à demander beaucoup aux soignants, mais là nous n’avons pas d’autres solutions. Et il y a trop de patients qui arrivent, on est vraiment dans une situation qui commence à être grave et qui m’a aussi conduit à demander aux établissements privés de participer à l’effort »

Clara de Bort, directeur de l’agence régionale de santé

 

L'inquiétude des hôpitaux privés 

Bloc opératoire Saint-Gabriel

Les hôpitaux privés devront en effet déprogrammer des interventions chirurgicales lourdes, afin de libérer des soignants. Une nouvelle accueillie avec inquiétude à la clinique Saint-Gabriel, à Cayenne, où l’activité du bloc opératoire représente près d’un tiers des recettes de l’établissement. Benoît Schweitzer, cadre de santé anesthésiste (Guyane Santé) précise « Notre activité hebdomadaire est aux alentours de 100 à 120 passages au bloc opératoire par semaine »

« Nous sommes toujours en plan de continuation, nous sommes toujours dans une situation économique délicate. Et donc là, avec une perspective – de nouveau – d’arrêt d’une partie de nos activités programmées nous allons devoir dans les prochains jours réunir un comité de pilotage financier spécifique ».

Guylène Mergerie, directrice du groupe Guyane Santé

 

Une demande de renfort a été envoyée par les trois centres hospitaliers de Guyane.

Le reportage de Sébastien Laporte et Karl Constable :

Plan Blanc : le personnel des hôpitaux réorganise leur fonctionnement.