Une réduction de 32 % de l'empreinte en surface et une réduction de 80 % des émissions totales équivalentes de C02 estimées. Les premières promesses de la nouvelle conception du projet Montagne d'Or sont avancées par Oréa Mining (ex Columbus Gold), société actionnaire du consortium, via un communiqué publié le 1er septembre.
« Le succès de la coentreprise dans l'optimisation de la conception de la mine Montagne d'Or, réduisant considérablement son impact environnemental, est l'aboutissement de plus de deux ans d'études techniques et environnementales supplémentaires en réponse aux consultations publiques. ».
Le président d'Orea affirme : « Il s'agit sans aucun doute d'une étape cruciale pour l'acceptabilité et le développement d'un gisement aurifère exceptionnel. »
Une campagne d'éco-blanchiment
Cette annonce sonne comme une nouvelle déclaration de guerre pour le collectif Or de Question. Un campagne de "greenwashing" pour lifter, "plus vert que blanc", à coup de bistouri écologique, un projet décrié par l'opinion publique et au coeur d'une bataille judiciaire.
Opération de #greenwashing organisée par #OreaMining pour son projet #MontagnedOr en #Guyane #StopExtractivisme #UICN https://t.co/IUYD8UX6RO
— Or de Question (@ordequestion) September 3, 2021
Cette déclaration est estampillée "opportuniste" par les opposants au projet minier, d'autant qu'hier, vendredi 3 septembre, a débuté le Congrès mondial de la nature de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature ), le forum environnemental de prise de décisions le plus important et le plus inclusif de la planète, à Marseille.
Une grande messe de l'écologie avec en ouverture une allocution du Président français Emmanuel Macron.
Un impact environnemental réduit ?
La nouvelle copie d'Orea Mining pour le site de la Montgne d'or a donc pris un sérieux coup de vert sur le papier.
"Comment un projet de cette importance, à chaque mouture qui est présentée, régresse-t-il dans sa recherche en profondeur, alors que l'on sait qu'ils iront chercher au plus profond de ce que peut donner la nature ?"
La principale avancée soulignée par le géant minier : une centrale électrique hybride sur site capable d'utiliser 80 % d'énergie solaire, ce qui entraînerait, promet Orea Mining, une réduction des émissions totales équivalentes de CO2 estimées à 469 000 tonnes par an.
Quid d'une enquête publique ?
Cette centrale hybride réduirait, selon les estimations de l'exploitant minier, l'empreinte de surface du projet et aussi, par conséquent, les émissions totales équivalentes de C02 de 41 600 tonnes supplémentaires par an.
Le collectif Or de Question souhaite consulter le nouveau dossier du projet Montagne. Michel Dubouillé, porte-parole du collectif Or de Question
"Trop d'imprécisions et de non-dit" répond Or de Question : "Une réduction de 80 % de l'équivalent total estimé en C02 émissions ? Mais comment ce calcul du bilan carbone pourrait-il comprendre également le transport des 1.100 allers-retours de méga-camions nécessaires au fonctionnement du site et qui roulent au fioul ?"
Des zones d'ombre
Quant à la “réduction de 32 % de l'empreinte en surface”, le collectif reste dubitatif "s'agit-il des 1.513 hectares de surface déboisée ? Il resterait alors plus de 1.000 hectares de forêt qui tomberait sous le coup des tronçonneuses ? Le nouveau projet annonce également une baisse de “44% de forêt mature impactée”, sur les 575 hectares initiaux, soit toujours 322 hectares qui seraient détruits, un préjudice énorme pour les 2.000 espèces inventoriées sur le site, donc 127 sont protégées."
"Ce n'est pas la centrale hybride proposée par Orea Mining qui va nous satisfaire. Quand on voit la problématique que nous avons déjà avec le projet de centrale hybride du Larivot, quand nous voyons qu'EDF PEI n'est pas capable de nous donner des informations très claires sur l'aspect hybride (Solaire ? Biomasse liquide ? Biomasse solide ? Autre ? ), on se demande comment la multinationale minière aurait soudain trouvé une solution miracle? Est-ce qu'il y aura encore un débat public ?"
Depuis la clôture du débat public en juillet 2018, la compagnie minière et le collectif s'affrontent régulièrement sur le terrain judiciaire.
Aujourd'hui encore, Or de Question interpelle le gouvernement qu'il juge "trop frileux, trop complaisant" : "Que penser de l’adoption de nouvelles normes environnementales dans le code minier, annoncées en grande pompe par gouvernement et la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili dans la loi Climat ? Feront-elles obstacle au projet ou est-ce encore de la poudre aux yeux ?"
Merci @M_Orphelin pour votre soutien. Le collectif Or de Question ne cesse de demander au PR la confirmation ferme et définitive de l'abandon des projets miniers industriels en #Guyane #MontagnedOr #UICN https://t.co/ArqCgsPdiv
— Or de Question (@ordequestion) September 3, 2021
Tandis que les chefs d'état du monde entier se pressent à Marseille, au Congrès Mondial de la Nature, le collectif Or de Question exige une une position claire du Président de la République, l'homme qui en juin 2019 avait promis "Le projet Montagne d’Or ne se fera pas”.
Le gouvernement et les élus locaux mis au pied du mur
Les élus locaux, en particulier le président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Gabriel Serville, sont aussi appelés à s'exprimer sur ce dossier.
Le collectif Or de Question presse le Gouvernement et les élus locaux, de prendre une position claire et de donner des gages sur l’abandon définitif du projet Montagne d'or. Michel Dubouillé, porte-parole du collectif Or de Question.
Le collectif réaffirme son opposition à l'industrie minière en Guyane et plaide pour une réelle restructuration des filières économiques liées à l'exploitation des richesses naturelles du territoire.