La crise sanitaire a révélé la fragilité de nos systèmes socio-économiques à l’épreuve du temps et des perturbations diverses. La Guyane, avec sa vitalité démographique exceptionnelle, place l’éducation nationale en situation de rattrapage permanent tant au niveau de ses structures que de ses personnels enseignants.
Le covid et ses corollaires de confinements et fermetures d’établissement accentuent de façon alarmante des disparités d’enseignement que vivent mal les enseignants comme les parents.
Des parents obligés d’endosser le costume des enseignants
La continuité pédagogique s'effectue à marche forcée. Les enseignants mis en télétravail doivent fournir des programmes à leurs élèves. Transmis via internet avec des recommandations précises, ces dossiers denses avec des données nouvelles à intégrer, peuvent se révéler déconcertants pour les parents d’élèves obligés de suivre les enfants.
Selon Taïra Chanol, professeur du second degré, rien n’est simple : « Il faut en même temps protéger, les personnels et les enfants et ne pas rompre la continuité pédagogique. Il faut reconnaître que cela est quand même difficile ! ».
Avancer sur les programmes coûte que coûte, un challenge qui plonge nombre de parents dans la perplexité. Passer de l’explication de texte à la grammaire puis la dictée et l’orthographe, ensuite expliquer les mathématiques, continuer par de l’histoire, de la géographie et autres matières… Cela revient à enfiler le costume d’enseignant finalement. Mais voilà, enseigner c’est un métier qui s'apprend normalement en 5 ans. Certains parents en font la dure expérience.
Une continuité pédagogique à échelle variable
Des parents expérimentent eux-mêmes le télé travail et là encore la concentration est difficile pour le parent comme pour le ou les enfants. Certains cours sont faits en distanciel et sur ce plan, tous les enfants ne sont pas logés à la même enseigne. Il faut disposer d’une connexion et d’un matériel informatique, téléphone, tablette ou ordinateur.
Dans certains foyers cela est impossible… et ainsi les inégalités d’apprentissage s’accentuent.
Autant de facteurs qui expliquent un certain blues dans les foyers comme chez les enseignants. Faut-il absolument envoyer des programmes d’apprentissage complet durant ces temps obligés d’enseignement à distance ? Quelle autre solution de rattrapage possible sans toucher aux sacro saintes vacances scolaires ? « Peut-être qu'il faut alléger ce qui peut l'être et ensuite jongler pour faire du renforcement sur le trimestre qui suit. Il n’y a pas de solution parfaite, il faut faire des essais…
En attendant, les classes vont reprendre avec un nouveau protocole sanitaire. Il faut espérer qu’il permette une continuité pédagogique jusqu’à la fin de l’année scolaire afin que chacun retrouve sa véritable place : l'enseignement aux professeurs et l'éducation aux parents.