Elle s’appelle Cyrielle Vié. A 26 ans, cette Cayennaise rejoint la troupe du Moulin Rouge au mois d’avril 2022. Elle est sans doute la première guyanaise à devenir danseuse pour l’historique et très célèbre cabaret parisien fondé en 1889. Le début de la belle histoire commence avant la crise sanitaire. Alors qu’elle passe des auditions, elle figure parmi les finalistes. Mais n’est pas rappelée.
Puis, en mars 2022, elle reçoit un e-mail "très inattendu", dit-elle. La troupe du Moulin Rouge ne l’a pas oubliée. Elle est invitée à repasser des auditions pour un contrat d’été. Seule une poignée de danseuses est conviée à ces sélections. Cyrielle est acceptée. La maîtresse de ballet lui propose de transformer son contrat d’été en un contrat d’un an. L’affirmation est une évidence.
Un saut en Antarctique avant Paris
Entre ses premières auditions et son entrée au Moulin Rouge, Cyrielle Vié connaît une toute autre aventure. Pendant six mois, elle rejoint le Boréal de la compagnie de croisière de luxe, Ponant. Elle participe aux expéditions en Antarctique en tant que danseuse professionnelle. Au cours de cette saison, elle monte sur scène cinq fois par croisières, ces dernières durent 10 à 15 jours.
C’était vraiment une bonne expérience. Ce n’était pas des gros paquebots, mais plutôt comme des gros yachts. Il y avait maximum 250 passagers. On avait un bon contact avec eux. On dansait à peu près un soir sur deux.
Cyrielle Vié, danseuse professionnelle
C’est justement en pleine croisière, à une semaine de la fin, que Cyrielle reçoit le fameux e-mail inattendu. Alors qu’elle est censée repartir pour un autre contrat avec la compagnie de croisière, sa vie connait le rebondissement que l’on connaît. Les choses s’accélèrent mais la nouvelle danseuse du Moulin Rouge a le temps de faire un saut en Guyane, pour voir sa famille, avant de s’installer à Paris. Sa première prestation au Moulin Rouge devrait se tenir le 20 mai 2022.
La danse, comme une évidence
Quand j’étais petite, je vivais en face de l’Adaclam. La personne qui me gardait après l’école vivait, elle, au-dessus. Depuis toute petite, je regardais les danseurs. Ça m’a donné envie. Donc dès un très jeune âge, j’ai voulu commencer. Là-bas, normalement, on commence seulement à l’âge de 6 ans mais j’ai tellement demandé à Jeanine Vérin de les rejoindre, que j’ai pu commencer à l’âge de 5 ans.
Cyrielle Vié, danseuse professionnelle
Dès cet instant, Cyrielle veut faire de la danse son métier. Son talent et son travail lui permettent d’arriver où elle en est aujourd’hui, mais ils ne sont pas les seuls facteurs. "J’ai la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours soutenue, qui m’ont permis de m’entrainer à l’étranger, de faire des stages", raconte-t-elle. Ils représentent son tout premier soutien.
"Souvent, la famille et les parents ne comprennent pas toujours pourquoi on prend la voie artistique mais j’ai eu la chance que mes parents me soutiennent moralement et financièrement", estime Cyrielle. La danseuse a aussi pu compter sur les professeurs qu'elle a rencontré lors de ses différentes formations, notamment ceux de l'Adaclam (Jeanine Vérin, Béatrice Tertulien ou Gladys Demba). Ses amies, comme Kimberley Ho Tsaï, l'ont aussi soutenue.
Ce n’est que le début
Cyrielle est passée par le Conservatoire de Genève, en Suisse, mais aussi à New York, où elle a touché à d’autres styles que le classique, ce par quoi elle a débuté en Guyane. Puis il y a eu l’Antarctique et aujourd’hui Paris. Toutefois, la danseuse estime qu’elle n’en est qu’au début de sa carrière. Elle vit le moment présent. Aujourd’hui, la danse de cabaret lui convient.
Il faut une solide formation classique, mais on fait aussi du jazz, du moderne, un style un peu plus street… Donc j’ai trouvé que c’était très varié, que c’était quelque chose qui me convenait bien. En plus, on monte sur scène très régulièrement : six soirs sur sept et deux shows par soir. Et au Moulin Rouge, il faut faire 1, 75 m , donc je rentre dans les critères avec une très solide formation en danse.
Cyrielle Vié, danseuse professionnelle
En ce qui concerne la suite, Cyrielle préfère ne pas s’avancer. Elle a connu des désillusions et des moments de frustration. "Le Moulin Rouge, c’est quand même une compagnie de rêve ! C’est une bonne suite et j’espère que ça va continuer, je ne pense pas au ‘après’, je pense au présent […] Je ne pouvais pas rêver mieux". Ce dont elle est sûre, c’est qu’elle compte revenir en Guyane de temps à autres. Elle entend bien transmettre et partager ce qu’elle apprend aux jeunes danseurs.