« Damas, le scintillement des larmes », dans l'intimité de Léon Gontran Damas, l'un des pères de la négritude

« Damas, le scintillement des larmes » paru aux éditions Neg Marron est le dernier roman de Catherine Le Pelletier. Un roman original qui permet de découvrir le poète, dramaturge, homme politique guyanais autrement.

Léon Gontran Damas

« Damas, le scintillement des larmes » paru aux éditions Neg Marron est le dernier roman de Catherine Le Pelletier. Un roman original qui permet de découvrir le poète, dramaturge, homme politique guyanais autrement. L’auteur le fait revivre à travers les souvenirs d’une femme qui l’a connu dans sa jeunesse. Une histoire qui rend Léon Gontran Damas, l’un des pères de la négritude, plus humain et plus accessible.

Un homme d'engagement 

"Damas, le scintillement des larmes" est d’abord un livre hommage à Damas...Un livre intimiste, qui nous amène dans les méandres de la mémoire de Mamoune, une femme, arrivée au seuil de sa vie. Des aidants se succèdent pour l’assister dans son quotidien. L’une d’entre elles arrive à l’apprivoiser. Mamoune se confie, raconte ses souvenirs, ses rencontres avec des personnages illustres dont Léon Gontran Damas, qu’elle appelle familièrement « Tonton Léon ».  Elle se souvient des nuits où conteur, il jouait tous les personnages du folklore guyanais. Elle se rappelle de l’enfance du poète, sa rencontre déterminante avec le Robert Desnos, puis Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, sa construction intellectuelle, le retour au pays, son ascension politique, son opposition virulente à Gaston Monnerville. Mamoune raconte sur le ton de la conversation, de la confidence : elle nous fait entrer dans son intimité, installe une proximité avec Damas, il devient proche.

Le scintillement des larmes

Catherine Le Pelletier

C’est un livre qui parle au coeur. Le lecteur est touché par Mamoune cette femme en fin de vie, dont le passé s’effrite…Il accompagne aussi la narratrice pas à pas dans sa quête de Damas. Le lecteur est aussi ému par la personnalité d’un homme "conscient", qui se bat contre des géants.  Catherine Le Pelletier, à petites touches, brosse le tableau de celui qui a toujours œuvré pour la Guyane, sans faire de compromission, sans jouer de jeu. Les thèmes principaux de ses œuvres sont la solitude, l'exil, la honte de l'assimilation et la critique de l'exotisme. C’est un livre fiction, certes, mais qui incite à se replonger dans l’œuvre de Damas, dont la dimension politique, intellectuelle, poétique est inégalée et inégalable en Guyane. Un homme dont la voix s’est tue en 1978 aux Etats-Unis.  

« Damas, le scintillement des larmes » de Catherine Le Pelletier paru aux éditions Neg Marron

►Retrouvez la version vidéo :

 

"La Guyane a ses héros et Damas en fait partie" déclare Catherine Le Pelletier

-C'est un livre intimiste sur Damas, pourquoi avoir voulu écrire sur le poète dramaturge politique guyanais ? 

-Damas est l’un des phares de la littérature de Guyane et ses écrits sont très actuels. L’homme a une personnalité particulièrement intéressante, pleine de générosité, de convictions, il défend des valeurs nobles. Il me semble important d’honorer sa mémoire : la Guyane a ses héros et Damas en fait partie. 

-C'est un livre de fiction, vous faites notamment revivre la dernière épouse de Damas, Marietta, pourquoi avoir voulu mettre la lumière sur cette femme ? 

-Vous savez, parfois la fiction rejoint la réalité. J’ai eu la chance de rencontrer Marietta Damas, chez elle à Rio et il se trouve que la scène que je décris dans le roman a bel et bien existé. Elle a eu lieu  au moment de ma rencontre avec la dernière épouse de Damas. Cette femme m’a paru à la fois forte et fragile. Chez elle, le souvenir de Damas était perceptible dès l’entrée de l’appartement. Marietta était une femme assez petite, menue, mais douée d’une force de caractère qui se manifestait dans son expression, assez ferme. Par ailleurs, on sentait chez elle un amour inconditionnel pour son époux pourtant disparu depuis de longues années, au moment où nous nous sommes vues. Mais ne vous y trompez pas, elle ne vivait pas dans la nostalgie. 

-Dans votre livre, la dimension politique, intellectuelle de LG Damas,  est plus importante que sa vision poétique, pourquoi ce choix ?  

-Aux élections législatives, Damas était suppléant de René Jadfard et il lui a succédé sur les rangs de l’Assemblée Nationale, durant trois années. Pendant cette demi-mandature, il a eu l’occasion de s’exprimer, de proposer des solutions pour le développement de la Guyane. Il avait déjà, avec sont ouvrage "Retour de Guyane", esquissé son projet. Mais il n’était pas seul. Ses amis l’entouraient et c’est cette ambiance que j’ai voulu retracer, avec de grands noms de la Guyane, dont celui d’Auguste Horth, de René Maran aussi. On le sait bien, Damas était viscéralement Guyanais. En embrassant la politique, il a voulu aller au bout de son amour pour son pays. Pourquoi ne pas en parler ?  

-Que reste il aujourd'hui de l'oeuvre de Damas ? 

-L’œuvre de Damas dépasse les frontières de la Guyane. Elle est connue et étudiée par les théoriciens de la littérature dans des universités de tous les continents. Son oeuvre est actuelle, elle garde sa singularité, sa cadence jazzy et sa beauté. Jusque’à aujourd’hui, Damas reste l’écrivain Guyanais le plus lu au plan international et son oeuvre continue d’inspirer de nombreux artistes.