De nouveaux villages amérindiens en création à Matoury : des dizaines de familles sont attendues

C’est une initiative hors du commun : l’association Cépérou est en train de créer de nouveaux villages Wayana, Teko et Wayampi à Matoury. Le défrichement et la construction du site ont déjà débuté.   
C’est une initiative hors du commun : l’association Cépérou est en train de créer de nouveaux villages Wayana, Teko et Wayampi à Matoury. Un projet qui vise à accueillir les jeunes amérindiens de Camopi et Maripasoula notamment lorsqu’ils doivent séjourner sur le littoral pour leur scolarité, et aider les familles concernées. Le défrichement et la construction du site ont déjà débuté. 

 
De nouveaux villages

De nouveaux villages sur le littoral, à Matoury, pour venir en aide aux amérindiens des communes de l’intérieur qui doivent se rendre sur le littoral. Le projet, mené par l’association Cépérou, prend forme sur une vaste parcelle appartenant à l’Etat. 
Schmitt Panapuy, président de l’association Cépérou
 

« Là, ça fait 26 hectares mais la superficie de la terre au centre ça fait 16 hectares. Le projet ça consiste en villages Teko, Wayana et Oyampi. Nous allons accueillir les jeunes et faire une maison de savoir-faire traditionnel et faire un carbet de passage pour les peuples de l’intérieur, les jeunes aussi pendant qu’ils sont sur Cayenne ». 

Schmitt Panapuy, président de l’association Cépérou 

 

« On sera là pour l’accompagner, on sera là pour l’aider surtout pour l’hébergement. On sera déjà dans une famille, donc ce jeune-là n’aura pas trop de soucis, et s’il a des soucis il pourra peut-être se confier à nous ». 

Flora Couchili, membre de l’association Cépérou 


Plusieurs dizaines de familles

Plusieurs dizaines de familles de Camopi et Maripasoula sont concernées. Certaines se sont déjà lancées dans la construction du site, avec l’aide des membres de l’association. Et parmi eux, beaucoup ont été obligés de quitter leur village d’origine il y a déjà plusieurs années.  
 

« Je suis venue m’installer ici, sur le littoral parce qu’on avait perdu un frère qui s’est suicidé, ça a été une tragédie pour nous, vraiment difficile. Et du coup, pour le besoin de mes enfants, j’ai quatre enfants, ils poursuivent leurs études ici sur le littoral et j’aimerai qu’ils poursuivent leurs études au plus loin ». 

Marianne Alvès 


Le responsable du projet garde, pour sa part, un souvenir pénible de son séjour en famille d’accueil sur le littoral. Un passage obligé, faute de structures dans les communes de l’intérieur. 
Ces volontaires s’affirment comme les précurseurs d’un dispositif qui pourrait prendre de l’ampleur. Et sont épaulés par les organisations autochtones. 
 

« C’est la première fois qu’il y a un village du Haut-Maroni, enfin avec des représentants du Haut-Maroni, c’est un village qui va se créer ici ! C’est la première fois. Et pour nous, organisations autochtones du littoral qui les soutenons, nous sommes très fières. Nous sommes quand même six nations et j’ai l’impression que sur le littoral il y aura les six nations qui seront représentées ».

Kadi Eléonore Johannès, présidente du Collectif des Premières Nations 

 

Cession du terrain

Le site est proche de la nationale 4 et de la crique Fouillée, à deux pas de la ville et de ses services.  Un puits est en train d’être creusé, un pont est également en projet pour joindre les deux principaux emplacements choisis. Ici, chacun pourra retrouver ses repères culturels, ses habitudes quotidiennes, et bénéficier de la proximité de la ville. 
Jusqu’à présent le projet a pu bénéficier de l’appui de l’Etat – propriétaire du terrain. Même si, pour l’instant, la question de la cession de cette parcelle n’est pas encore tranchée. 
 

« Ce qu’a fait remonter l’association Cépérou, c’est une forme d’urgence. Donc il faut régler ce projet-là, et encore une fois c’est un projet plus qu’une question foncière, il faut réaliser ce projet-là. C’est le plus important et c’est l’urgence, qu’elle que soit - en fond - les tractations foncières sur le territoire qui peuvent avoir cours ».   

Frédéric Bouteille, sous-préfet aux communes de l’intérieur 


En attendant, l’association Cépérou garde espoir. Et compte bien se lancer dans l’édification d’un bâtiment central, un tukusipan, où toutes les familles pourront se réunir. 
Matoury : la communauté amérindienne s'organise.