Le pianiste Denis Lapassion, auteur et compositeur a accepté de retranscrire, une partie du vaste répertoire du compositeur Lionel Sugat découvert aux Archives Territoriales en 2021. L’objectif de la Collectivité territoriale de Guyane étant de mettre à disposition ces œuvres inédites, une richesse du patrimoine guyanais, aux écoles de musique, aux associations et au public amateur.
Une mission en partie achevée après plusieurs mois de travail. À l’occasion de la restitution officielle d’un premier livret de partitions se tient ce concert pour piano.
Ce n’est pas la première fois que le pianiste effectue ce travail, pour lequel il a fait des études. Cela lui a permis alors qu’il se trouvait en Europe d’écrire des partitions et des retranscriptions pour tous types d’orchestres. Il faut se rappeler que Denis Lapassion a écrit plusieurs albums qui font sa réputation internationale.
L’artiste nous parle de cette expérience qu’il a vécue comme un voyage au long cours.
Une première transcription qui permet l’édition d’un livret de 14 partitions pour piano
« En produisant cet ouvrage, la Collectivité territoriale de Guyane souhaite valoriser le patrimoine musical local, et promouvoir auprès des acteurs du monde musical l'œuvre de Lionel Sugat, témoin de la profondeur et de la diversité de la culture guyanaise. Il y a déjà eu un premier concert pour lequel, les partitions n’étaient pas transcrites. C’étaient des partitions manuscrites numérisées. La particularité c’est que j’ai accompli un travail de transcription de quelques titres mais pas tout, il y en a tellement. Cela a permis d’éditer un premier livret de partitions.
J’ai recensé un peu plus de 25 titres qui peuvent être retranscrits car malheureusement sur la plupart des morceaux, il manque des pages, certaines sont abîmées et totalement illisibles. Ce sont des partitions pour piano, sur le premier ouvrage, 14 ont été éditées et il en reste à peu près le même nombre pour un deuxième volet.»
Une plongée dans l’univers musical du 19e
« Ce qui me revient constamment c’est le voyage, le voyage de l’esprit, le voyage du corps, le voyage des émotions. C’était très surprenant. J’ai été agréablement surpris de constater que nous avions au 19e des musiciens guyanais d’une telle qualité, d’une telle compétence. C’est un compositeur qui écrivait dans le style de l’époque, donc, beaucoup de musiques européennes. Des gavottes, des marches, des scottishs, des valses, des musiques qui viennent en général de l’est de l'Europe. Il y avait cette influence en Guyane même si Sugat a vécu beaucoup à l’extérieur, notamment, en Nouvelle Calédonie, où il a composé beaucoup de ses œuvres. Quand il est revenu en Guyane, il a continué.
Cela m’a replongé dans les conditions de vie de cette époque et je l’ai imaginé composant à la main, à la lampe, à la bougie et quand je vois la qualité de l’écriture manuelle, je trouve extraordinaire les capacités de l’être humain. Il fallait s’adapter à ce mode de vie.
Il y a beaucoup de dédicaces certainement pour des membres de sa famille et à beaucoup de femmes. C’était visiblement un homme qui aimait la Femme pour ce qu’elle représente.
Pour certaines œuvres, un peu abîmées, j’ai dû faire des choix et imaginer les notes en tenant compte de l’œuvre générale.
Une connexion spéciale avec Lionel Sugat
... Cela a donc été une sorte de connexion avec Lionel Sugat, il était à mes côtés et m’inspirait. Sur le plan technique cela a été assez compliqué. Sugat a une écriture très précise, tous les signes qu’il place sont intentionnels et répondent à un but bien précis. Il fallait respecter tout cela pour retranscrire les vibrations de l’époque.
Je me réjouis de savoir qu’il y avait des modèles à l’époque. J’aurai bien aimé avoir ces musiques à ma disposition quand j’étudiais. Nous avons, en Guyane, une telle propension à nous rabaisser par rapport aux autres. Nous avons un manque de confiance par rapport à ce que nous sommes.
Ce qu’il faut maintenant c’est mettre en place des actions pour faire savoir et promouvoir ce qui existait.»
Ce concert réunit 6 pianistes : Denis Lapassion lui-même, Régine Lapassion qui se remet ainsi, officiellement, à son instrument de base, le concertiste cubain Patricio Malcolm Valdès, Valérie Ransay, Aymerick Létard et le vibraphoniste Edel Diaz Betancourt, tous des pianistes confirmés.