Tout commence sur les réseaux sociaux. Lou-anne, 22 ans, vient de l'Hexagone. Quand la jeune enseignante apprend qu'elle est prise dans un collège de Saint-Laurent du Maroni, elle met une annonce sur un groupe Facebook pour une recherche de logement dans la commune de l'ouest.
Le 4 août, elle est contactée par une femme.
Photos à l’appui, Lou-anne découvre le fameux logement. Il s'agit d'un T2 entièrement meublé, climatisé et sécurisé, selon la personne de l'autre côté de l'écran. Cette dernière précise que le logement est situé au Lac Bleu. La jeune enseignante est intéressée par la proposition.
Dès lors, la conversation prend une nouvelle tournure. "Elle dit être en vacances en Europe, donc elle passe le relais au mari", nous raconte Lou-anne. Les échanges se font désormais avec cet homme qui dit être sur place, à Saint-Laurent du Maroni. Aucun détail ne paraît anormal : l'enseignante reçoit des photos supplémentaires du logement, échange plusieurs fois avec le "mari"... et reçoit même un bail, qu'elle signe le 12 août.
Des rendez-vous jamais honorés
Toujours dans l'Hexagone, Lou-anne envoie alors le virement de la caution, 500 euros. "J'ai commis l'erreur de lui donner la caution, donc je la reverrai jamais", déplore-t-elle.
Je cherchais aussi un véhicule, donc je lui ai dis. Le 19 août, il me dit qu'il a peut-être trouvé une voiture pour moi. C'était parfait, j'arrivais en ayant la voiture et le logement ! Arrivée en Guyane, il m'envoie un message vocal pour me dire qu'il a été appelé en mission en expliquant qu'il ne peut pas donner les clés du logement.
Lou-anne, victime présumée de l'arnaque
C'est alors le début du cauchemar pour la jeune femme. Elle tente de trouver des solutions. Un dimanche, après trois heures de route, Lou-anne arrive à Saint-Laurent du Maroni. Son interlocuteur lui donne enfin rendez-vous devant un hôtel, mais elle ne le voit pas.
"Il me dit finalement de dormir dans cet hôtel parce qu'il n'a pas trouvé de solution", raconte Lou-anne encore troublée. La nouvelle enseignante - qui vient à peine de terminer ses études - se retrouve avec des frais imprévus. Son interlocuteur ne cesse de déplacer les rendez-vous. Une nouvelle rencontre est fixée au mardi. Lou-anne attendra pendant près de 3h00 en vain. Elle n'aura plus de nouvelle de l'homme.
Près de 1.000 euros de préjudice
Elle finit par joindre sa toute première interlocutrice, qui prétend être rentrée en Guyane. Là encore, un nouveau rendez-vous est donné le mercredi... mais personne ne vient. Lou-anne insiste, malgré les excuses peu cohérentes de ses interlocuteurs. Finalement, la femme annule tout en raison d'un "problème familial" et promet de tout lui rembourser.
Des semaines plus tard, l'enseignante n'a toujours aucune nouvelle.
Dans cette histoire, avec l'hôtel et tout, j'ai perdu 500€ de caution et plus de 300€ avec les nuits d'hôtel, plus un Airbnb à plus de 200€... Je me suis rendue compte que je n'étais pas la seule à m'être fait avoir.
De nombreuses victimes présumées de la même arnaque
Sous cette publication du 7 septembre, les témoignages sont nombreux. C'est ainsi que Julie, enseignante elle aussi, comprend que ces escroqueries viennent de la même personne, une certaine "Kali", qui parfois change de pseudonyme. Au mois d'août, elle a aussi été contactée par cette personne pour un logement à Macouria. La suite est similaire au récit de Lou-anne. Il s'agit des mêmes interlocuteurs et du même procédé :
- La femme les contacte ;
- elle les renvoie vers son mari (un homme avec un accent du sud de la France) ;
- ce dernier envoie le même RIB à tout le monde ;
- l'indicatif pays de son numéro est + 597 (Suriname).
Seule différence, les logements sont tantôt à Matoury, tantôt à Saint-Laurent du Maroni ou encore à Rémire-Montjoly.
Julie a décidé de créer un groupe avec les victimes présumées de cette "Kali". Il comptabilise déjà une vingtaine de personnes en 24 heures. Elles envisagent de déposer une plainte groupée.
Des plaintes ont déjà été déposées, dont une il y a un an. Elle n'a pas abouti.