En Guyane, la question du diabète est particulièrement préoccupante. La population locale est deux fois plus touchée par la pathologie que dans l’Hexagone, selon l’Agence Régionale de Santé. Le diabète concernerait 8 à 10% des Guyanais. Pour cette raison, les professionnels de la santé donnent une grande importance aux recherches liées à cette maladie. En 2021, ils ont publié 17 articles à ce sujet dans les revues scientifiques.
Ils ont pu compter sur l’aide de l’application de santé Globule (qui facilite la communication entre les différents professionnels du corps médical mais aussi avec les patients) et sur la cohorte diabète en Amazonie française (Codiam), mise en place il y a plusieurs années. Ce dernier dispositif regroupe les données de 1 250 patients et plus de 600 paramètres. Les études sont donc basées sur les informations de patients issus du territoire.
Un déficit en vitamine D relevé par les chercheurs
Dans l'une de ces études, publiée dans la revue Nutrients en novembre 2021, on note que "l'insuffisance en vitamine D est fréquente chez les patients diabétiques en Guyane française". Ce déficit touchera 66,48% des patients diabétiques en Guyane, particulièrement ceux atteints du type 2 de la pathologie.
"Les patients atteints de rétinopathie avaient des concentrations de vitamine D plus élevées que ceux sans rétinopathie et, au contraire, ceux souffrant d'angine de poitrine avaient des concentrations de vitamine D plus faibles que ceux qui n'en avaient pas", poursuivent les auteurs de l’étude.
Des hypoglycémies sévères évitables avec de l’attention
Autre constat établi dans une étude publiée sur Diabetic Medicine : entre 2015 et 2018, 178 adultes diabétiques ont été admis aux urgences de Cayenne pour une hypoglycémie sévère. Les chercheurs de Guyane ont noté que "la principale cause d'hypoglycémie était une erreur de dosage de l'insuline ou des objectifs glycémiques inappropriés".
Ils pointent également "le non-respect des recommandations pour les patients de 65 ans et plus" comme facteur de risque évitable d'hypoglycémie. "Les médecins de soins primaires et les infirmières à domicile doivent fournir des interventions préventives et suivre une formation", recommandent les auteurs de la recherche.
La difficulté d’accès aux soins, un frein supplémentaire
Justement, une troisième étude -publiée sur Frontiers in Endocrinology- évoque la difficulté pour l'accès aux soins rencontrée par les malades en Guyane. "On note une augmentation significative sur un an du nombre de patients diabétiques (+10%) majoritairement des femmes (60%), et 31% ont moins de 54 ans, avec une disparité selon la zone du territoire, les plus isolés ayant moins accès au dépistage" indiquent les chercheurs.
La surveillance insuffisante du diabète est un problème majeur susceptible d'augmenter la morbidité et la mortalité. L'adaptation des soins aux spécificités du territoire est cruciale, notamment en formalisant la délégation des soins à l'infirmier en pratique avancée et aux professionnels non soignants en zone précaire ou géographiquement isolée.
Etude : Prise en charge du diabète en Guyane française : le décalage entre les recommandations nationales et la réalité
Tous ces éléments relevés par les scientifiques et médecins de Guyane permettront, notamment, d'ajuster la prise en charge des patients diabétiques et de former les soignants à ces problématiques. Par ailleurs, quelle que soit la problématique, l'on note que l'isolement géographique des patients est point qui revient régulièrement.