C’est une affaire hors norme de trafic présumé de cocaïne : selon nos informations, entre vendredi matin et dimanche, douze personnes ont été placées en détention provisoire au Centre Pénitentiaire de Rémire-Montjoly, à l’issue de leur présentation devant le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire du Larivot, à Matoury. Il s’agit de dix policiers adjoints – huit hommes et deux femmes, âgés d’une vingtaine d’années - et deux autres personnes, dont un agent de la mairie de Matoury. Également interpellée, une policière adjointe a été laissée libre. Ces suspects avaient été arrêtés entre mardi et jeudi, en Guyane. Un homme interpellé en région parisienne a été placé en détention provisoire, à l’issue de sa présentation devant le juge des libertés du tribunal de Créteil.
Un dossier instruit au tribunal de Créteil
Les douze suspects incarcérés en Guyane font l’objet d’un mandat d’amener délivré par les deux juges du tribunal de Créteil qui instruisent le dossier. À partir de la notification du mandat aux personnes concernées, la justice a six jours pour les transporter dans l'hexagone afin de les présenter devant les juges, en vue d’une potentielle mise en examen et d’une incarcération en région parisienne.
Les enquêteurs ont agi sur commission rogatoire des deux juges d’instruction du tribunal de Créteil. L’enquête a commencé sur la base de deux affaires d’arrestations de mules guyanaises à l’aéroport d’Orly fin 2022, deux procédures jointes par la suite. L’information judiciaire est ouverte pour « trafic de stupéfiants et blanchiment de trafic de stupéfiants en bande organisée », « corruption passive », « atteinte au secret des fichiers et atteinte au secret professionnel ».
Toujours selon nos informations, lors des gardes à vue, la plupart des policiers adjoints mis en cause ont reconnu en partie les faits. Mardi matin, lors des perquisitions menées à l’aéroport Félix Eboué, plusieurs kilos de cocaïne ont été saisis, cachés dans des faux plafonds. Par ailleurs, plusieurs dizaines de milliers d’euros ont été saisies, en espèces ou sur des comptes bancaires.
Les investigations ont été menées par le groupe de l’Office Anti Stupéfiants (OFAST) du Service Territorial de Police Judiciaire (STPJ) de Guyane, le STPJ du Val de Marne et l’Inspection Générale de la Police Judiciaire (IGPN). Plus de cent trente policiers et gendarmes ont été mobilisés mardi matin en Guyane pour les interpellations et les perquisitions.