Sur le site Ameli, on indique que l’âge moyen du premier rapport sexuel (données 2010) chez les jeunes filles et de 17,6 ans et 17,2 ans pour les garçons. Une donnée qui peut sembler datée.
L’information sur la contraception dispensée dès le collège
Infirmière scolaire depuis 7 ans, elle a exercé 3 ans dans un lycée de l’ouest avant d’intégrer un collège de Rémire-Montjoly. Cette éducatrice nous apporte quelques informations sur ce qui se fait dans son établissement s’agissant de l’information des élèves sur la contraception :
«Au collège, la sensibilisation à la contraception commence dans les programmes scolaires. En quatrième, les élèves étudient la reproduction avec le professeur de SVT. Dans notre collège, nous avons un partenariat avec la PMI (Prévention maternelle et infantile) et à la suite du programme sur la reproduction, nous organisons une séance d’information sur la contraception qui se passe dans les locaux de la PMI. Cela permet aux élèves de connaître l’endroit où ils pourraient rencontrer des professionnels capables de les orienter, si besoin. En période scolaire, ils viennent à l’infirmerie et durant les vacances, ils peuvent toujours se rendre dans ce centre. En troisième, nous travaillons avec l’association « Espace écoute ado » qui agit en partenariat avec la PMI et nous revoyons tout ce qui concerne la contraception, le respect entre garçons et filles, l’échange avec les parents. Les enfants posent aussi beaucoup de questions par rapport à ce qu’ils voient aux informations, ce que leur rapportent les grands frères et les grandes sœurs. D’ailleurs, ils sont sensibilisés dès le CM2 en primaire. »
Tout en étant au collège, les élèves n’hésitent pas à solliciter l’infirmière pour des conseils, obtenir la pilule du lendemain, le test de grossesse, certes pas autant qu’au lycée mais assez régulièrement.
« Des élèves de 5e ou 4e sont déjà dans la relation amoureuse. Nous mettons beaucoup l’accent sur la puberté en général. Les jeunes filles viennent vers moi, plus pour demander, la pilule du lendemain que pour la contraception. Je leur rappelle qu’il vaut mieux ne pas compter que sur leur copain pour avoir des préservatifs, elles peuvent aussi en avoir. Une façon de les responsabiliser. Globalement, étant sensibilisés, ces collégiens savent où s’adresser au besoin pour obtenir de quoi se protéger. »
La contraception encore trop sous-utilisée malgré la multiplication des accès aux moyens contraceptifs
La contraception n’est pas encore un usage suffisamment courant par rapport à d’autres départements, c’est un des facteurs explicatifs des grossesses des adolescentes, des grossesses non désirées chez les adultes, nous explique Nathalie Bernard, responsable du Réseau Périnat Guyane :
« Nous avons un taux de grossesse très élevé en Guyane ce qui nous classe parmi les départements français ayant les chiffres les plus élevés pour les grossesses chez les adolescentes. Une partie de ces grossesses sont des grossesses non désirées souvent dues à l’absence d’utilisation de la contraception. Plusieurs facteurs ont été mis en évidence, parfois le jeune âge des filles également des difficultés d’accès aux moyens contraceptifs ou encore le rejet de la contraception. Une mère qui a un rejet de la contraception ne va pas inciter son adolescente à en user. Il y a aussi de la méconnaissance. Certaines adolescentes sont victimes de violences sexuelles, des rapports subis parfois qui n’ont pas été prévus et qui ne sont pas protégés. À cela s’ajoutent, les caractéristiques de l’adolescence : des choses se passent sans préméditation et le rapport sexuel arrive.»
Et d’ajouter :
«Se pose aussi le problème de la contraception mal utilisée comme, par exemple, ne pas changer de préservatif à chaque rapport sexuel ou d’utiliser la pilule sporadiquement. Les facteurs de grossesse sont multiples mais, il y a un sous-usage dans notre région, de la contraception, notamment chez les jeunes. Par ailleurs, il ne faut pas négliger les obstacles rencontrés pour accéder à la contraception. Les jeunes ont des difficultés pour se transporter et pour rencontrer les professionnels de santé comme les gynécologues et les sages-femmes qui ne sont pas leurs interlocuteurs habituels. Nous avons travaillé à mettre en place des permanences de sages-femmes dans les établissements scolaires demandeurs, en complément des actions des infirmiers scolaires avec la possibilité de prescriptions de contraceptifs par ces professionnels.»
Il y a de nombreuses associations qui œuvrent et mènent des actions collectives d’information et de prévention dans les collèges et lycées. Cela vient en complément des actions des libéraux, des hôpitaux, des centres de santé. Ainsi dans quelques semaines, le premier centre de santé sexuelle de l’ouest sera inauguré à Saint-Laurent-du-Maroni et géré par le planning familial. Cela constituera une offre complémentaire pour l’information et l’accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un centre de santé sexuelle, pour la contraception et l’IVG, il s’agit de celui de Cayenne.
La pilule du lendemain : une contraception d’urgence surutilisée
La contraception est gratuite pour les jeunes de moins de 26 ans, pourtant les pharmaciens constatent que leur clientèle jeune n’y a pas recours suffisamment témoigne la coprésidente du syndicat des pharmaciens de Guyane, Liliane Pognon :
« La pilule du lendemain est beaucoup plus demandée qu’on ne le voudrait. Il ne faut pas s’en plaindre car cela évite des grossesses précoces tout en sachant que cette pilule n’est utilisable que dans la limite de 72h après le rapport. Je m’interroge. Y a-t-il une volonté des jeunes de ne pas utiliser davantage la contraception, qu’est ce qui bloque ? Aujourd’hui, il y a des pilules micro dosées qui ont peu d’effets secondaires. Se pose peut-être la question pour les jeunes filles d’un accès facilité à la prescription. À noter, toutefois que l’infirmière a le droit de renouveler une ordonnance, au vu d’une prescription médicale antérieure, ce qui est aussi une proximité intéressante pour les jeunes. »
Et de souligner que la situation de désert médical de la Guyane, avec un manque cruel de personnel de santé, n’arrange pas la situation. Selon Liliane Pognon, les jeunes peuvent et doivent aussi solliciter les pharmaciens qui sont toujours disponibles.
En Guyane, malgré une légère baisse des chiffres depuis 2020, le nombre de grossesses chez les adolescentes en milieu scolaire, était pour l’année 2022-2023 de 212.
Parmi elles, on compte 165 mineures (77,8%) et 47 (22,2%) jeunes majeures. Chez les mineures 46 étaient des collégiennes (21,7%) et (78,3%) des lycéennes.
Des chiffres fournis par le Service Social académique.