L’abstention risque fort, une fois de plus, de jouer le premier rôle. Si au premier tour elle avait diminué de 2%, cela pourrait largement s’inverser à la hausse ce samedi.
Un électorat désabusé qui ne croit plus aux politiques
Plus que jamais l’électorat est divisé.
Comme dans le reste de l’Outre-mer, la Guyane avait choisi Jean-Luc Mélenchon en lui octroyant 50,59% des suffrages au premier tour loin devant le président sortant Emmanuel Macron qui a cumulé 14,22% des votes et Marine Le Pen 17,66% sous sa bannière.
Il faut retourner aux urnes ce 23 avril et l’on peut presque dire que pour de nombreux guyanais le choix s’avère cornélien, leur champion n’étant plus de la partie.
Rappelons-nous, en 2017, le centre droit et l’extrême droite s’opposaient déjà. Au premier tour, Marine Le Pen devançait de 112 voix Jean-Luc Mélanchon alors qu’Emmanuel Macron se trouvait à 18,75%. Au second tour, la Guyane a mis en place l’actuel président avec 64,89% des votes. L’abstention se faisait tout de même une belle place dans cette élection en atteignant le pourcentage très élevé de 58,22%.
Cinq ans après, avec un climat économique et social délétère, un contexte sanitaire d’après covid marqué par des traumatismes, la méfiance vis-à-vis des politiques, des élites en général, n’a fait que s’exacerber en Guyane. Les réseaux sociaux, véritables dégueuloirs, s’en font régulièrement l’écho.
Des partis traditionnels battus en brèche
Et tout cela intervient alors que les partis traditionnels n’ont, manifestement, plus voix au chapitre. Deci, delà quelques hommes politiques appellent à un sursaut démocratique par un vote républicain en faveur d’Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen, mais il n’y a pas de discours d’adhésion à une politique. Seul le représentant de Marine Le Pen est venu porter la bonne parole en Guyane alors que la représentation locale du candidat Macron est demeurée, sur un champ plutôt discret.
Le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, se positionnant au-dessus de toute résonnance idéologique, s’en réfère à celui ou celle des candidats qui fera les meilleures propositions pour l’émancipation de la Guyane. Il leur pose deux questions : « quel est votre programme pour la Guyane ? et « comment comptez-vous nous accompagner sur notre projet d’évolution statutaire ? ». Une démarche presque de marchandage à laquelle on pourrait répondre : les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Les exemples de promesses politiques non tenues font le lit des nombreux analystes et alimentent les rancœurs des électeurs. Et en Guyane, ces mêmes électeurs semblent déterminés à faire le choix de l’abstention en ne se déplaçant pas pour ce second tour.
Reste à scruter, étudier, écouter les programmes des candidats déclinés à longueur d’articles ou talk-shows. A suivre aussi, les sondages journaliers et le fameux ultime débat de ce 20 avril entre les deux candidats où ils discuteront âprement, pouvoir d’achat, éducation, santé, écologie, vieillesse, retraite, immigration, sécurité ou encore parmi les sujets les plus brûlants : la guerre en Europe.