Entre enlèvements, enfants violés, exécutions, pillages, des incendies des maisons et des écoles, la situation est plus qu'effroyable à Haïti. Les responsables de l’ONU qui se sont succédé sur place décrivent un enfer, provoqué par des gangs violents : Port-au-Prince est encerclé par 200 d'entre eux, qui ont pris le contrôle de la capitale et empêchent la population de circuler librement, d'aller au travail et à l'école, ou de se ravitailler.
À l'occasion de sa première visite dans ce pays pauvre des Caraïbes, le 1er juillet, le secrétaire général Antonio Guterres a déploré des conditions de vie insoutenables pour des habitants épuisés. L’insécurité est comparable à celle des pays en guerre, la terreur règne et les bandes armées qui se disputent le contrôle du territoire gagnent du terrain dans l’île.
L’ONG française Médecins sans frontières a documenté cette cruauté quotidienne : les enlèvements, les tirs, les lynchages, les kidnappings, les meurtres, les enfants pris pour cibles, les viols collectifs et le risque d'être tué ou blessé dans des affrontements de rues entre les gangs. C'est un peu comme si la population d’Haïti était prise en otage.
La guerre civile menace
"Chaque jour compte" a déclaré Antonio Guterres, qui appelle pour la deuxième fois à un soutien international à la police haïtienne complètement dépassée. Sa première demande en octobre dernier était restée lettre morte. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter une nouvelle fois de la situation dans le courant du mois de juillet.
Plusieurs états puissants se sont portés volontaires pour épauler les forces de sécurité, comme le Canada, où vit une importante communauté haïtienne. Les États-Unis, autre grand et puissant voisin d’Haïti, sont "très engagés" a déclaré vendredi 7 juillet le secrétaire d'État Anthony Blinken. Les Américains appuieront ainsi la création d’une force de police internationale dans le pays. Il ne faudra pas perdre de temps, puisque des groupes de justiciers autoproclamés se constituent depuis le mois d’avril pour lutter contre les gangs. La guerre civile menace dans un pays qui n’a plus de président depuis un an et demi, et dont les dernières élections remontent à 2016.