En Guyane, un enfant sur cinq est contaminé par le plomb, au-delà des normes. C’est aussi le cas pour 4 habitants sur 10 des communes rurales. Deux études apportent un éclairage inédit sur la contamination au plomb sur notre territoire.
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Deux études publiées
Pour la première fois, une étude a mesuré l’imprégnation au plomb des enfants sur toute la Guyane. Étude menée de 2015 à 2017 par Santé Publique France. Résultat : sur 590 enfants de 1 à 6 ans, 100 sont au dessus du seuil de 50 micro grammes par litre de sang. Conclusion, après extrapolation de cet échantillon, en Guyane, 20 % des enfants relèvent du saturnisme, soit une présence excessive de plomb dans le sang. C’est dix fois plus qu’en France hexagonale, les taux les plus élevés ont été relevés dans le village amérindien de Trois Sauts, sur l’Oyapock.
Audrey Andrieu, épidémiologiste à santé publique France commente :
“Sur la commune de Camopi, sur 20 enfants inscrits dans l’étude , 16 ont un taux qui dépasse les 50mg/l. Il faut savoir, que Camopi comprend également Trois Sauts "
Une contamination réelle
L’Agence régionale de Santé a mené des enquêtes sur chaque cas d’enfant dépassant les normes admises et son environnement.
Une 2ème étude encore inédite révèle que la contamination va bien au-delà des enfants. Menée par les hôpitaux de Cayenne, St Laurent et l’ARS, elle repose sur plus de 2200 échantillons de sang d’habitants des communes rurales. Résultat : 40 % des personnes sont au dessus du seuil surtout dans l’intérieur. A Organabo, Trois Palétuviers, Camopi Bourg, Grand Santi, Papaichton et Taluen, 60 à 90 % des prélèvements sont au dessus des normes.
A Trois Sauts et Antécume Pata, 90 % dépassent le seuil. Il ne s’agit pas d’intoxication aiguë, mais ces taux peuvent entraîner des conséquences sur la santé.
Le docteur Paul Brousse coordinateur, précise
"Il peut y avoir des problèmes d’hypertension artérielle, des troubles rénaux, et d’anémie. A craindre également des troubles de la fertilité et de la grossesse"
Le couac en question ?
Parmi les causes possibles, une contamination au plomb lors de la fabrication du couac, la farine de manioc un aliment de base dans les zones rurales en Guyane. A Trois Sauts, un lien a été fait avec des râpes à manioc. Des râpes en inox doivent être distribuées mais ce n’est qu’une piste parmi d’autres
Les études se poursuivent pour en savoir plus sur les causes de la contamination et délivrer des conseils appropriés pour que les guyanais puissent consommer sans crainte leur couac, dans le cadre d’une alimentation diversifiée
Le reportage de Guyane la 1ère