Depuis presque un mois, le pont sur l’Oyapock est désormais ouvert 7 jours sur 7. Une bonne nouvelle pour les voyageurs et le commerce entre la Guyane et le Brésil . Mais reste un gros point noir : la BR 156 : la route nationale reliant Oiapoque à Macapa reste encore très endommagée dans une portion de plus de 100 km toujours en laterite.
Cette route, Loira Nede l’emprunte presque tous les jours. Au volant de son 4/4, la jeune femme convoie sur la BR 156 des touristes ou des voyageurs.
La route nationale, la rodovia 156 débute au pont sur l'Oyapock le fleuve frontiere entre la Guyane française et le Brésil. Une route longue de 672 kilomètres traverse l’État de l’Amapa du Nord vers le Sud-Ouest.
Cette route c’est le gagne-pain de Loira et aussi, souvent, sa bête noire.
Le voyage en temps ca varie, parce que la route n’est pas toujours praticable. Aujourd’hui, par exemple nous allons prendre de 8 à 9 h mais en saison des pluies, cela va de 12 heures, 13 heures, jusqu’à 16 h de route.
Un chantier bientôt séculaire
Cette route, c’est le plus vieux chantier du Brésil. Sa construction a été décidée dans les années 1930, il y a plus de 90 ans et elle n'est toujours pas achevée en raison de nombreux détournements de marchés.
La BR 156 alterne encore aujourd’hui près d’un siècle après sa construction, les parties asphaltées et les morceaux de pistes. Moira rappelle l'importance de la BR 156 pour l'économie d'Oiapoque :
"Si la route était bonne, l’économie serait plus importante, il y aurait plus d’échanges d’argent. Oiapoque s’arrête car tout arrive par le transport routier. Les 4x4 qui traversent, les camions, l’essence, tout s’arrête! Si la route est impraticable, tout s’arrête. "
La BR 156 traverse de petits villages. Une escale pour les voyageurs, un répit au milieu des trous de la chaussée. Les routiers y ont leurs habitudes. A Cassipore Amapa, Gino, patron d'un restaurant est persuadé qu’avec une route en bon état, les affaires seraient bien meilleures.
"La route est mauvaise, ça fait 20 ans qu’ils n’ont pas terminé cette voie. Les politiques n’ont rien fait pour cette route. Chaque année, les gens se plaignent de cette route mais il n’y a pas d’avancée. Ils ont refait pas mal de ponts en béton mais on ne peut pas les utiliser car ils ne sont pas terminés et ils n’aménagent pas les accotements. Les ponts existants sont en bois, se cassent et ils reconstruisent encore des ponts en bois pour dépanner."
Loira, désabusée poursuit malgré tout sa route, sa BR 156, avec ses cratères et sa latérite qui lui rapporte de quoi nourrir sa famille.
"C’est compliqué de savoir quand ça sera terminé. Je ne sais même pas si je le verrai un jour."