Pétrole en Amapa : la classe politique mobilisée pour convaincre Ibama et le gouvernement de Lula d’accorder la licence environnementale à Petrobras

Les états de l'Amapa et du Para favorables à la prospection pétrolière au large de leurs côtes
Il y a manifestement divergence au sein du gouvernement du président Lula sur la question de la prospection pétrolière en Amapa. Si la ministre de l’Environnement, Marina Silva, se prononce contre l’exploitation pétrolière au large de l’Amapa suivant en cela les recommandations d'Ibama, d’autres ministères dont celui des Mines et de l’Energie appuient au contraire la compagnie pétrolière en mettant en avant son expérience. La classe politique en Amapa comme au Para défend ce projet. Ces forages permettraient une accélération certaine du développement économique de ces états, notamment en Amapa, où, 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Le président de la société pétrolière Pétrobras ne désarme pas, Jean Prates a, de nouveau, déposé une demande de licence auprès de l’Agence environnementale Ibama pour le forage du puits Morpho 1-APS-57 dans le secteur Amapá Águas Profundas du bassin sédimentaire marin appelé « Foz do Amazonas ».

Le 17 mai dernier, Ibama avait rejeté un premier dossier au motif qu’il présentait des incohérences. Le projet ne donnait pas suffisamment de garanties sur la protection de la biodiversité des espaces marins.

Pour rappel, la zone de recherche est située à 174 km de la côte d'Amapá, à 540 km de l'embouchure du fleuve Amazone. Une zone d’exploration qui selon Petrobras pourrait rapporter 14 milliards de barils de pétrole.

Une classe politique très mobilisée en faveur des forages pétroliers

Ce refus a provoqué l’ire de la majorité de la classe politique, le maire de Macapa a notamment déclaré, rapporte Diaro do Amapa :

« La sécurité environnementale est primordiale pour l'exploration pétrolière sur la côte d'Amapá, et avec engagement et sérieux, cette nouvelle matrice économique tend à contribuer au progrès de l'État, par conséquent, à la croissance sociale et économique de la municipalité de Macapá ».

Une importante réunion rassemblant la classe politique s’est tenue le 19 mai à Oiapoque afin d’informer la population sur les orientations stratégiques à tenir. Et les élus, maires, gouverneur, sénateurs et députés entendent bien faire pression au plus haut niveau pour démarrer la prospection.
La ville frontière concernée au premier chef, jusqu’à présent, par les activités logistiques de la société Petrobras a entamé sa mutation. Depuis quelques mois, les activités commerciales se développent à grand train à Oiapoque. L’immobilier flambe, les prix des terrains ont plus que doublé, le secteur de l’hôtellerie s’étoffe et, surtout, le petit aéroport, longtemps désaffecté est maintenant opérationnel.

Un nouvel allié, la BDNS

Si le lobby politique parvient à inverser la vapeur en faveur de Petrobras, les retombées économiques pour la région seront énormes. Déjà, se met en place entre l’Amapa et le Para, une sorte de course pour accueillir les infrastructures de raffinage. Les élus font donc front pour que la situation se débloque selon leur vision. La Banque Nationale de Développement Economique et Social (BNDS) s’est ralliée à leur cause et s’engagerait à réaliser des études sur l'exploration pétrolière et gazière sur la marge équatoriale.

En attendant, le résultat de la nouvelle demande de licence environnementale déposée le 25 mai, la société Petrobras a déplacé son navire de forage qui se trouvait aux larges des côtes amapaenses. Il a été dérouté sur le site pétrolier de Campos, situé sur la côte nord de l'État de Rio de Janeiro.