Exposition Amazônia : voir et entendre l’Amazonie

L'Amazonie au carrefour des sens. La Philharmonie de Paris abrite l'exposition Amazônia du célèbre photographe brésilien Sebastião Salgado. Plus de 200 photos dévoilent des aspects parfois méconnus de la région. Philharmonie oblige, les images sont complétées par une musique de  Jean-Michel Jarre.

L'Amazonie au carrefour des sens. La Philharmonie de Paris abrite l'exposition Amazônia du célèbre photographe brésilien Sebastião Salgado. Plus de 200 photos dévoilent des aspects parfois méconnus de la région. Philharmonie oblige, les images sont complétées par une musique de  Jean-Michel Jarre. Une partition inspirée de sons recueillis dans cette région, en particulier en Guyane.

L’image est complétée par le son avec Jean-Michel Jarre

La Philharmonie de Paris a ouvert grand ses portes aux images. Celles de l'Amazonie, dont la beauté est célébrée par Sebastião Salgado. Et selon le photographe brésilien, le plus impressionnant dans la forêt est la masse sonore. Le temple de la musique a donc favorisé une composition de Jean-Michel Jarre, inspirée par la nature et les cultures amazoniennes. Elle accompagne et complète l'exposition, comme l’explique Marie-Pauline Martin, directrice du musée de la musique, qui en précise les sources :

On a pris contact avec des ethnomusicologues dont le terrain de prédilection est la Guyane, mais aussi le Brésil, et qui sont revenus en Europe avec des archives sonores (qu’ils ont) collectées. Des archives sonores de bruits naturels mais aussi de bruits communautaires, de bruits, de sons de chants, de rituels de ces peuples autochtones. Donc c'était un matériau, près de 20 heures d'écoute, que l'on a donné, avec l'accord de Salgado, à Jean-Michel Jarre. Et lui-même a choisi ces sons concrets pour composer une nouvelle partition qui allait accompagner les photos de Salgado. 

 

La forêt mais aussi ses habitants et leur parole

Fruit de 7 ans d'exploration de Sebastião Salgado, l'exposition présente 10 tribus sur les 300 qui peuplent l’Amazonie. Comme celle des Zo'és redécouverte il y a 20 ans. Sa langue fait partie du même groupe que le wayãapi de Guyane. Les Zo'és ont conservé la culture de Bahia et des Caraïbes. Les Amérindiens sont les seuls à s'exprimer grâce à des films projetés. Ils lancent un cri d'alarme contre, entre autres, l'orpaillage. Davi Kopenawa Yanomani, chaman (de l’ethnie yanomani) est particulièrement remonté contre les garimpeiros (chercheurs d’or) qui détruisent l’environnement :

« Les garimpeiros envahissent sans cesse la terre yanomani ... La rivière Palimiu est très sale. Elle est déjà entièrement polluée. Une autre, la rivière Mucajai, est totalement détruite. »

 

Le président brésilien sur la sellette

Moisés Piyãko Ashaninka, de son côté, s’inquiète des effets du réchauffement. Lui aussi chaman (du peuple ashaninka), il condamne pour les mêmes raisons, les projets, selon lui, du président brésilien d’ultradroite, Jaïr Bolsonaro et de son équipe dirigeante :

« Ils pensent qu'ils prendront 50% de nos terres pour l'élevage du bétail ... Les rivières se tariront. C'est la forêt qui retient l'eau… « Le gouvernement actuel nous fait beaucoup de tort. »»

 

Une guerre sans fin

Un sentiment que partagent tous les intervenants. En particulier Davi Kopenawa Yanomani qui se rappelle les maladies graves transmises aux tribus lors des percements de routes en Amazonie, sous la dictature militaire dans les années 70. D’après lui, le pouvoir qui a fait mourir les siens à l’époque, est de retour avec l’actuel chef de l’Etat, qui n’enverrait ni personnel ni matériel pour soigner les Yanomanis malades du covid. Le chaman est persuadé que de toutes façons, Jaïr Bolsonaro veut « exterminer » son peuple, pour lui voler sa terre. Et il prévient :

 Quand ce gouvernement nous expulsera, quand il nous attaquera, nous réagirons.  Bien que nous soyons peu nombreux, nous en tuerons 20, nous en tuerons 30, voire 100 ... Nous résisterons ...S'ils veulent nous tuer, qu'ils le fassent ouvertement »

 

Préserver un monde méconnu

Pour ces Amérindiens, leur survie matérielle et spirituelle semble intimement liée à celle de cette forêt amazonienne dont ils se sentent un élément indissociable. Mais celle-ci a déjà perdu près d'un cinquième de sa superficie. L'exposition vise donc aussi à alerter pour préserver un monde à la diversité parfois méconnue. Des montagnes y atteignent 3000 m de haut. Des cours d'eau et des îles changent avec les saisons. Issus de l'évaporation, d’immenses nuages, surnommés rivières volantes, transportent plus d'eau à travers le Monde que n'en charrie l'Amazone.

Sebastião Salgado.

Pour faire prendre conscience de la gravité de la situation écologique, Amazônia sera présente dans plusieurs endroits de la planète, parfois simultanément. Paris, donc jusqu’au 31 octobre 2021, mais aussi São Paulo (27 juillet-31 octobre), Rio de Janeiro (3 août-fin décembre), Ainsi que Rome (dès le 1er octobre) et Londres début octobre.