Plus de 6500 demandes d’asile déposées en Guyane depuis le début de l’année et des guichets débordés par le nombre de demandes. Le préfet, Martin Jeager a donc pris la semaine dernière la décision de suspendre provisoirement les centres d’accueils des demandeurs d’asile.
« C’est une rupture du droit d’asile qui est une liberté fondamentale », commente Mathias Géraud, président du groupe local de la Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués). « Normalement, toute personne qui arrive en France a le droit de demander l’asile. Si la préfecture demande de suspendre les guichets, c’est illégal puisque le droit d’asile est garanti par les conventions universelles et européennes des droits de l’Homme », explique-t-il.La Cimade évoque également une décision stigmatisante et clivante pour les populations concernées. « Elle attire l’attention sur certaines nationalités, ça peut encourager un discours de haine et d’exclusion à l’égard de ces personnes », estime Matias Géraud. « En fermant les structures qui sont les interlocuteurs des demandeurs d’asile, on laisse ces personnes dans leur situation de détresse ».
La Cimade réclame donc la réouverture dans les plus brefs délais des guichets d’accueil.
La Cimade pointe également le manque de moyens pour traiter correctement les demandes et offrir un accueil digne aux demandeurs d’asile. Si elle salue l’annonce de la création de 150 places d’hébergement en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile, cette avancée est insuffisante au vue du nombre de demandeurs. « C’est bien en deçà de ce que l’Etat devrait faire pour loger tous les demandeurs d’asile. Il s’agit de loger tout le monde. Il faut autant de places que de demandeurs d’asile », estime Mathias Géraud.
Une antenne de l’OFPRA en Guyane
Une interrogation subsiste, face au manque de moyens, quelles sont les solutions ? « Ce n’est pas à nous de trouver des solutions concrètes, c’est du ressort de l’Etat », annonce Martial Geraud. « Toutefois, on est ouvert à la discussion. On est en contact avec les services de l’Etat. On est à disposition pour des réunions de concertation avec l’ensemble des acteurs concernés ».
La Cimade se félicite de la création d’une antenne de l’OFPRA en Guyane (l’Office des protections des réfugiés et apatrides). « Une avancée », estime Martial Geraud. Une antenne que le préfet réclamait lui aussi la semaine passée. Une structure qui devrait permettre de traiter plus rapidement les dossiers.