La future voie ferrée du grain. Long de 933 km, le Ferrogrão relierait Sinop, dans le Mato Grosso, un état fortement agricole, à Itaituba, dans le Para, à travers la forêt amazonienne.
Le rail permettrait à terme d'acheminer entre autres du sucre, du maïs ou du soja, deux fois plus vite que par la route. Des denrées transportées ensuite vers les ports maritimes du Nord du pays par voie fluviale.
Coûts réduits et augmentation des exportations en perspective
Les coûts seraient réduits d'un tiers, environ. De quoi favoriser les exportations. A terme, les voies ferrées permettraient au Brésil d’exporter par la mer, chaque année, 45 millions de tonnes de soja, au lieu de 15 millions actuellement. En perspective donc, une augmentation de la production, comme l’envisage Mauro Mendes, gouverneur du Mato Grosso :
« J'ai vu une étude d'une importante institution américaine selon laquelle, dans les 10 prochaines années, la demande mondiale de nourriture augmentera de 20%. C'est beaucoup, 20%. Le seul pays au monde qui peut augmenter sa production alimentaire de plus de 20%, c'est le Brésil. »
Des conséquences écologiques controversées
Ce chemin de fer qui couperait l’Amazonie brésilienne en deux est vivement dénoncé par les populations amérindiennes. Toutefois, selon ses promoteurs, le train permettrait de réduire fortement l'empreinte carbone liée au transport routier. 12 000 tonnes par jour pourraient être transportées par 3 locomotives et 160 wagons au lieu de 300 camions. Le gouvernement met en avant la création d’une barrière verte, des plantations… D’après Brasilia, un million de tonnes de CO2 disparaitraient de l’atmosphère de la région.
Mais les détracteurs du projet prédisent un effet inverse. Avec les installations et activités induites, il aggraverait d’environ 2043 km2, une déforestation déjà alarmante dans le seul Mato Grosso. Selon des chercheurs du Climate Policy Initiative, lié à l’Université catholique de Rio, le Ferrogrão provoquerait une augmentation des émissions de carbone de 75 millions de tonnes…
Spéculation foncière
Ane Alencar, directrice scientifique de l'Institut Amazonien de Recherche Environnementale (IPAM) dénonce aussi la spéculation foncière qui mise sur l'arrivée du rail et accentue le déboisement :
« Une méthode consiste à occuper une zone dont la valeur devrait augmenter, parce qu'elle sera plus accessible grâce à une nouvelle route, ou au pavage d'une route existante, ou à la construction d'un chemin de fer par exemple : quelque chose qui change le statut de ce terrain parce qu'il y aura un meilleur accès. »
Plusieurs projets ferroviaires coûteux en vue
Le Ferrogrão devrait coûter plusieurs milliards d'euros. Cela pourrait intéresser des investisseurs chinois, dont le pays est déjà un gros client pour les exportations de soja brésilien. Le chantier durerait plus de 9 ans. Deux autres projets de chemin de fer sont aussi à l'étude dans la région.