Le jury des lycéens du Festival international du films documentaire Amazonie-Caraïbes doit décerner le Prix des lycéens parmi la sélection des films documentaires en compétition. Loane, Kelys et Ichann, 17 ans, tous trois en classe de terminale avec la spécialité Cinéma-Audiovisuel au lycée Lama-Prévot font partie du jury. Ils abordent cette mission avec une légère appréhension mais aussi avec beaucoup de curiosité. Ils vont passer une semaine entière à voir des films, à en discuter, à échanger avec des professionnels de l’image et ces passionnés ne vont pas bouder leur plaisir.
Nous avons hâte… y aller avec la classe cela sera une bonne expérience. C’est une opportunité de faire partie d’un jury d’un festival… nous serons mélangés par groupes de quatre avec les lycéens de Mana et nous verront 10 documentaires.
Ils n’ont pas de grille particulière de notation, ils ont vu des extraits des films présentés ont regardé les films primés de l’année dernière et se sont entrainés à faire des critiques. Un aspect important de leur formation cette année puisqu’ils devront se prêter à l’exercice pour les épreuves du bac.
Loane note : « Les documentaires cela apprend beaucoup de choses, les sujets sont variés, la guerre, les animaux… nous saisissons ce que le metteur en scène veut mettre en avant en décortiquant les scénarios, les mises en scènes, à comprendre ce qu’il y a derrière les mots, les images. C’est un travail de recherche, cela va plus loin que juste d’apprécier des images… Le recherche du pourquoi, du comment cela peut-être subtil… »
Ichann acquiesce tout comme Kelys :
« … avec notre formation, nous avons un point de vue différent du spectateur lambda, davantage technique… »
Aucun de ces élèves n’est spécialement attiré par l’univers Marvel, pébliscité par le public. Ils apprécient cependant beaucoup les plateformes de streaming et les deux jeunes filles sont des adeptes des séries d’action et comiques. Même s’ils reconnaissent que certains films s’apprécient davantage en salle sur grand écran, ces lycéens soulignent qu’il est aussi appréciable de voir des films chez soi sans avoir à payer.
« Les salles perdent de leur attrait et c’est dommage car les gens vont rester dans leur bulle se refermer sur eux-mêmes. Pouvoir débattre de ce que l’on a vu c’est primordial ! »
Le FIFAC, une chance pour les jeunes de Guyane
Si ces trois jeunes sont passionnés par le cinéma, les métiers qu’ils envisagent ne sont pas forcément dans la suite logique de leur scolarité. Ichann souhaite embrasser une carrière militaire et devenir maître-chien, Kelys souligne que le travail d’analyse filmique aide à renforcer l’esprit critique mais se destine au métier d’avocate et Loane ne sera ni actrice ni réalisatrice mais conceptrice digitale. En attendant, grâce à leur cursus, ils se forgent une culture cinématographique et étudient les réalisations de grands metteurs en scène du 20e et les films classiques en noir et blanc qui ont marqué l’histoire du cinéma.
Ils ne connaissent pas encore la liste des 10 films du FIFAC sur lesquels ils devront donner un avis. Cela sera un mélange de longs et courts métrages qu’ils vont découvrir sur place. Ils appréhendent un peu ce travail de jurés qui va les obliger à de la rigueur et à composer avec les autres lycéens de Mana. Mais cette expérience précieuse va leur servir pour leur examen final du bac puisqu’ils auront à présenter un documentaire de 10 minutes conçu par eux. De l’idée à l’écriture du scénario en passant par sa réalisation, une épreuve exigeante qui occupe beaucoup de leur temps dans et hors du lycée.
« Franchement c’est très intéressant de participer au FIFAC soulignent-ils, cela nous semble familier, cela nous parait plus accessible, proche de chez nous. C'est une chance de découvrir d’autres réalisateurs et de mettre la lumière sur eux. Par ailleurs, cela met en évidence des savoirs faire de la grande région dans ce domaine ».
Un exemple du travail par les élèves en filière Cinéma Audiovisuel effectué en fin d'année 2022.