Guyane : des lycéens clandestins étudient dans l’angoisse d’être renvoyés en Haïti

En Guyane, des lycéens originaires d'Haïti sont assignés à résidence. Ils n'ont plus le droit de se rendre en cours. Evens, Diamelo et Etienne étudient dans l’angoisse d’être renvoyés en Haïti.
Evens, Diamelo et Etienne étudient dans la peur. A quelques semaines de leurs examens, ce ne sont pas les études qui les stressent le plus. Ces trois élèves originaires d’Haïti sont actuellement sous le coup d’une assignation à résidence et vivent dans l'angoisse d'être renvoyés dans leur pays.

Agés de 20 ans, ils sont scolarisés en Guyane depuis plusieurs années. Leurs parents ont été régularisés, mais eux n’ont aucun titre de séjours. "Ma famille vit en Guyane, je n’ai plus de famille dans mon pays d’origine, raconte Evens Moreau, élève en première bac pro. S’il faut que je quitte le pays, ça me stresse. Je vis dans une situation qui n’est pas possible et je dois passer mes examens en même temps". 

Le choc du centre de rétention

Lors d’un contrôle de routine, Evens et ses camarades ont été interpellés par la Police Aux Frontières. Ils ont vécu un des pires moments de leur vie avec le sentiment d’être traités "comme des délinquants". L’un d’eux a même fait un séjour au centre de rétention. "J’ai passé la journée là-bas de 8h à 21h, je suis rentré dans la soirée", raconte Evens encore secoué par ce qu'il a vécu.

Interdiction d’aller en cours

Des procès verbaux ont été remis à ces élèves avec dessus une invitation à quitter le territoire et une assignation à résidence avec l’obligation de pointer à la gendarmerie deux fois par semaine. Officiellement, ces lycéens n’ont pas le droit de se rendre en cours et doivent rester chez eux. Malgré tout, ils poursuivent leurs études.
 

"Avoir un avenir"

"A n’importe quel moment ils peuvent venir à l’établissement ou chez nous, pour nous renvoyer dans notre pays d’origine, confie angoissé Diamelo Pascal. Moi, je veux travailler ici, avoir un avenir et une famille". "Mon objectif est d’avoir mon bac pour continuer en BTS", ajoute Etienne Jackson, élève de Terminale.


Education Sans Frontière

"Ce sont des jeunes sérieux que l’on veut aider, affirme Fabien Tessariol, professeur de math et physique qui fait partie du réseau Education Sans Frontière. L’Etat met de l’argent en jeu pour aider ces jeunes à obtenir leur formation, et d’un autre coté, il leur demande de ne pas aller à l’école". "On a des problèmes d’absentéisme de la part d’élèves non-sérieux alors quand les jeunes sont sérieux, on préfère qu’ils soient en cours plutôt qu’à la gendarmerie", poursuit l'enseignant.

Ces élèves sont loin d’être les seuls en Guyane à être scolarisés et clandestins à la fois. Leur scolarité, ils la font parfois en pointillé, au gré des contrôles des autorités.