Le Dr Ghislain Patient a certainement mis au monde des milliers de bébés guyanais et sa fille unique Yasmina évoque un père exceptionnel :
« Pour moi ce n’était pas le Dr Patient, c’était mon père avant toute chose, j’ai eu énormément de témoignages de ses anciennes patientes, ce qui est très touchant. Je pèse mes mots, il était d’une grande bonté, très simple, il avait horreur de se mettre en avant. Discret, il faisait les choses avec beaucoup d’humilité, pour moi c’était le meilleur des hommes. »
Tous les membres de sa famille, ses amis, ses anciens collaborateurs souligne cette extrême discrétion et son grand professionnalisme au service de sa patientèle.
Un jeune homme brillant durant toutes ses études
Ghislain Patient né le 29 juin 1947 était le dernier d’une fratrie de six enfants prénommés Sylvio, Sergine, Serge, Sylvère et Maryse. Leurs parents Solange et Jules étaient instituteurs, le père fut aussi sénateur de la Guyane entre 1948 et 1952. Élevé sous la férule, notamment, de sa sœur aînée Sergine Patient Prévot, professeure de latin/français et de son frère Serge Patient professeur d’espagnol, Ghislain fut un élève brillant tout au long de sa scolarité au lycée Félix Eboué. Son ami d’enfance, Jocelin Ho Tin Noé rappelle : « C’est à ce moment que devint évidente l’exceptionnalité de l’intelligence de Ghislain. Premier dans toutes les matières, brillant en thème et version latine… Il en alla ainsi quasiment jusqu’à la terminale… Après le bac, Ghislain ayant choisi sa voie en toute certitude, entreprit sans difficulté, ses premières années de médecine à Jussieu, puis à la Faculté de médecine… »
Cet ami d’enfance résume ainsi la personnalité du Dr Patient : « L’authenticité – l’humilité – la générosité – le respect de soi et des autres – L’intégrité morale et intellectuelle. Pour le caractère je dirais : placide, laconique et généreux. »
Des professeurs parisiens souhaitaient que ce médecin gynécologue exerce dans les hôpitaux parisiens, Ghislain Patient fit le choix de regagner la Guyane en 1973 et d’intégrer le service public hospitalier.
Un médecin gynécologue inspirant pour ses collaborateurs
Betty Adélaïde Clotilde infirmière au bloc opératoire d’abord à l’hôpital Saint-Denis puis à l'hôpital Andrée Rosemond à Cayenne parle avec une grande émotion du Dr Patient : « J’ai commencé à travailler avec lui en 1976, il prenait la suite du Dr Claudine François Endelmond comme chef de service de la maternité. Nous étions heureux de collaborer avec un Guyanais. C’était quelqu’un d’une rigueur absolue au service de la population guyanaise. Il avait œuvré aussi pour la création du Pôle Femme Enfant. Je me souviens d’une personne qui aimait beaucoup lire, nous échangions des livres. Il y a des gens qui ne sont pas tes parents mais ils sont nos parents quand même parce qu’ils te forment dans ta vie de femme, d’homme. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup apporté. »
André Clotilde infirmier anesthésiste évoque ses quarante années de collaboration avec un homme rare et d’une grande compétence.
« Avant qu’il ne soit chef de service, j’ai commencé à travailler avec lui lorsqu’il était stagiaire interne en gynécologie à l’hôpital Saint-Denis. Il était très rigoureux avec une grande conscience professionnelle et au niveau de la technicité opératoire, il était irréprochable. Il arrivait comme jeune médecin avec des méthodes nouvelles pour les interventions gynécologiques. Il a été l’un des premiers à pratiquer l’endoscopie gynécologique à l’hôpital Saint-Denis. Il allait régulièrement se former notamment dans les congrès pour rester à jour, ce qui est normal quand on habite une région isolée. C’était un chirurgien de bonne compagnie toujours calme, il régnait un esprit de famille au sein du bloc.»
Un cousin, un oncle réservé mais attentif aux autres
Isabelle Patient, la nièce de Ghislain Patient souligne les qualités de celui qui était aussi son parrain :
« Il était de bon conseil, vraiment gentil et avait le cœur sur la main. Il m’a toujours encouragée pour aller plus loin dans les études, car pour lui c’était important de réussir. Je me souviens que lorsque j’étais petite, je chantais tout le temps Bécassine c’est ma cousine et il m’a ramené une Bécassine en peluche de ma taille. Il voulait toujours me faire plaisir. Et même s’il avait un petit côté taciturne, parfois bourru, on l’appelait souvent l’ours c’était quelqu’un d’hypersensible et un bon vivant aussi en famille. C’est lui qui m’a mise au monde ainsi que ma seconde fille. Il a mis au monde une bonne partie des enfants à l’hôpital avec les sages-femmes qui l’accompagnaient ».
Le sénateur Georges Patient se souvient d’un cousin particulier :
« Il fallait bien le connaître pour l’appréhender. Il était un peu particulier contrairement aux autres de sa génération. C’était un intellectuel pur, lui, c’était les livres qu’il dévorait, l’approfondissement des connaissances qui l'intéressait. Tout en étant médecin, il avait une grande culture générale qu’il n’affichait pas. Il est rentré à la faculté de médecine en ayant fait un cursus classique et il s’est montré très brillant. Il avait deux passions la lecture et son métier. Mon cousin vivait un peu dans une bulle. »
Le docteur Ghislain Patient laisse une veuve Aimée et une fille Yasmina.