Immigration clandestine : une filière de grande ampleur démantelée  

Ils ont fait entrer clandestinement en Guyane des centaines de migrants, à partir du Brésil. Onze personnes sont en détention provisoire dans le cadre de cette affaire hors norme. Après 8 mois d’enquête la filière a été démantelée. Une affaire notamment de « traite humaine » présumée. 
Ils ont fait entrer clandestinement en Guyane des centaines de migrants, à partir du Brésil. Onze personnes sont en détention provisoire dans le cadre de  cette affaire hors norme. Après 8 mois d’enquête menée pour l’essentiel par l’antenne locale de la Police Judiciaire, la filière a été démantelée le 13 novembre. Une affaire notamment de « traite humaine » présumée. Une partie des migrants était destinée à travailler sur les sites d’orpaillage illégal où à se prostituer dans la forêt guyanaise. 
 

Des centaines de personnes

Chaque jour ou presque, les migrants étaient débarqués au bord du Mahury à la tombée de la nuit, sur le dégrad de la Levée à Matoury. Pendant au moins un an, des centaines de personnes ont été amenées clandestinement en pirogue. Un voyage depuis le Brésil, sur l’Oyapock puis en mer, jusqu’à l’île de Cayenne. A bord, des migrants haïtiens, dominicains, et surtout brésiliens, venus travailler en Guyane, notamment dans l’orpaillage illégal… Une filière bien organisée… 
 Renaud Gaudeul, procureur de la république à Fort de France

« Ce sont d'abord des individus qui étaient en Guyane pour assurer la base logistique. Il y avait aussi ceux qui servaient au convoyage. Enfin des prostituées étaient acheminées par ce même réseau »


Un QG bien surveillé

Le réseau faisait aussi entrer des migrants par la route de l’est…Son QG se trouvait au « PK6 », un village clandestin à Kourou, dans un logement protégé par des caméras de surveillance. Arrêtées la plupart le 13 novembre dans six communes (Saint Georges, Cayenne, Matoury, Macouria, Kourou, Sinnamary), onze personnes d’origine Brésilienne ont été placées en détention. Parmi les saisies, des quads, des armes, des téléphones, une pirogue, des bijoux en or. Le trafic fonctionnait dans les deux sens : l’entrée en Guyane et la sortie, vers le Brésil.
 Philippe Jomier, commandant divisionnaire, chef de l’Antenne de Police Judiciaire de Guyane

« Les trafiquants qui utilisaient ce moyen pour arriver en Guyane, appelaient ce système la navette, un transport régulier et organisé avec des tarifs»

 


Un vaste trafic

A bord des pirogues lors des trajets retour vers le Brésil, l’argent du trafic et l’or des sites clandestins, mais aussi des malfrats fuyant la Guyane après des braquages. Une partie des migrants payaient leur trajet. D’autres étaient dépendants du réseau.
Philippe Jomier, commandant divisionnaire, chef de l’Antenne de Police Judiciaire de Guyane

« Certaines autres catégories de personnes se retrouvent sur un site orpaillage, ou un site agricole, ils doivent travailler pour rembourser et pour manger. Les passeports étaient confisqués, sans titre d’identité »

 


Prostitution aggravée

Il y avait aussi les jeunes femmes recrutées pour « travailler à Cayenne », obligées de se prostituer dans la forêt, d’où les poursuites notamment pour « traite d’être humains et proxénétisme aggravé en bande organisée», qui s’ajoutent aux poursuites liées à l’organisation de la filière d’immigration clandestine en bande organisée, au trafic d’armes et à la complicité d’orpaillage clandestin.


Des dizaines d'enquêteurs

Au cours de l’enquête lancée en mars, les fonctionnaires de l’antenne guyanaise de la Police Judiciaire ont surveillé une cinquantaine de personnes. Cette affaire a mobilisé jusqu’à 28 enquêteurs, la PJ ayant été renforcée durant la semaine des arrestations et des gardes à vue par la DDSP et la PAF, appuyés par la gendarmerie.


L'affaire est délocalisée

C’est un magistrat de Fort de France qui instruit ce dossier, l’affaire ayant été confiée à la Juridiction Inter Régionale Spécialisée de Martinique, étant donné sa dimension de criminalité en bande organisée, avec également une dimension internationale. L’instruction se poursuit, avec un prolongement possible au Brésil, où se trouvent les autres « cerveaux » de la filière.