Ils sont, eux aussi, les victimes des récents événements météorologiques. A Roura, à Apatou, à Montsinéry-Tonnegrande ou encore à Rémire-Montjoly, de nombreux agriculteurs ont été impactés par les inondations provoquées par les fortes précipitations ces dernières semaines. Conséquences : leurs exploitations se sont parfois retrouvées sous les eaux.
Jean-Yves Tarcy fait partie de ces exploitants. L’agriculteur possède des volailles et des porcs à Montsinéry. Lundi matin, il a vu l’eau de la crique Coco déborder de son lit et envahir son terrain. "L’eau est rentrée dans ma maison, puis derrière, sur mon exploitation. Ça a tout couvert en même pas une heure", raconte-t-il. Selon lui, il y avait entre 60 cm à 1 m d’eau par endroit.
Les agriculteurs sinistrés appelés à se manifester
D’après les derniers recensements de la Chambre d’Agriculture de Guyane, il y a au moins 22 agriculteurs touchés par ces inondations. Ceux qui ne se sont pas encore déclarés comme sinistrés sont invités à le faire auprès de la Chambre d’Agriculture, notamment en se rapprochant des conseillers de proximité. "L’objectif, c’est de monter un dossier pour faire reconnaitre l’état de calamité agricole", explique Jean-Yves Tarcy, qui est vice-président de l’organisme.
Le régime de calamité agricole est un dispositif permettant d’indemniser les exploitants en cas de perte de récolte ou de perte de fonds en raison d’un événement climatique exceptionnel. Pour recevoir cette indemnité, financée par le Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA), les agriculteurs doivent remplir les nombreuses conditions d’éligibilité. Ce système est encadré par l'article L. 361-5 alinéa 2 du code rural et de la pêche maritime.
Une longue procédure parfois décourageante
Avant d’être indemnisé, les sinistrés devront faire preuve de patience. Et pour cause, les formalités sont nombreuses.
D’abord, il faut transmettre un certain nombres de documents. Une fois que les données sont remontées au niveau de la Chambre d’Agriculture, on saisit la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). Elle, à son tour, constitue une commission d’enquête qui se rend sur le terrain et constate les dégâts, évalue les pertes et monte un nouveau dossier.
Jean-Yves Tarcy, vice-président de la Chambre d'Agriculture de Guyane
Le vice-président de la Chambre d’Agriculture estime le temps d’attente à sept mois environ. Il demande la mise en place d’un dispositif d’urgence. "On n’est pas à l’abri de nouveaux changements climatiques […] A ce stade, on a vraiment besoin d’une mesure d’urgence qui peut répondre immédiatement aux besoins des agriculteurs", estime l’exploitant.
Des conséquences économiques à prévoir
Les consommateurs devront s’attendre à des répercussions financières liées à ces inondations. Les prix peuvent être amenés à augmenter en raison des pertes subies par les agriculteurs. Les nombreuses routes barrées pour ces mêmes raisons provoquent également des ralentissements dans les livraisons de marchandises, et donc des retards dans les productions. En plus, notez que la guerre en Ukraine représente, là encore, un facteur à prendre en compte dans l’augmentation des prix.