« Mon père étant entrepreneur et gagnant correctement sa vie, je pensais que je n’aurais pas eu à me fouler. Il m’aurait aidé à avoir une voiture, ce qu’il a fait pour la première et je pensais que la vie allait être vraiment cool. A 18 ans, on allait s’associer et j’aurais eu un bon salaire. Mais ce n’est pas comme cela la vie ! J’ai compris que je serais payé au smic et que j’allais monter les échelons petit à petit. Cela m’a donné le déclic pour me lancer de mon côté pour être mon propre patron tout seul et surtout ne rien devoir à personne. »
Un départ dans la vie professionnelle à 14 ans
Très à l’aise, Jonathan raconte son parcours professionnel qui n’a pas forcément commencé sous les meilleurs auspices. Aujourd’hui, il dirige une entreprise de plomberie générale (il s’est associé à son père), une autre en assainissement (vidange et pose de fosses septiques et hydro curage de canalisations) et une société de réparations navales (jet-ski, bateaux). Avec un seul employé, il y a une forte charge de travail qui ne laisse pas place à l’amateurisme.
« J’ai quitté l’école à 14 ans pour intégrer le CFA et apprendre la mécanique. Mon employeur avait une casse et je faisais plutôt du démontage. Au bout de quelques mois, j’ai décidé de m’orienter vers la plomberie puisque mon père est plombier. J’ai fait cela pendant 8 ans avant de me lancer dans la réparation des jet-skis. J’ai découvert le jet-ski à l’âge de 7 ans. Je suis un passionné de mécanique autodidacte »
Alors qu’il était capable de suivre une scolarité normale, il a insisté auprès de ses parents pour arrêter les cours.
« Programmé pour la plomberie que j’ai commencée à 13 ans, je ne voyais pas l’utilité de continuer. Pour quitter l’école avant 16 ans, j’ai eu une dérogation du rectorat qui, toutefois, a exigé que je fasse une formation professionnelle avec un diplôme à la clé. Ce que j’ai fait au CFA, en alternance durant 2 ans. A 16 ans, j’avais mon diplôme en plomberie.»
La plomberie fait partie de ces métiers essentiels jugés peu attrayants pour nombre de jeunes, mais Jonathan ne se voyait pas dans un bureau.
Chef d’entreprise mais avec des difficultés quotidiennes à surmonter
« On se compare à ce que l’on voit sur internet, tout le monde veut réussir en une semaine, avoir tout ce qui est nouveau, mais il faut du temps. »
Sur le plan financier, il faut faire beaucoup de sacrifices pour évoluer et Jonathan reconnaît que n’ayant pas poursuivi son cursus scolaire, tout ce qui a trait aux démarches administratives lui cause souvent des difficultés. Les premières années ont été compliquées. Il a dû passer de longues heures à faire des recherches sur internet pour trouver des solutions.
« Cela veut dire, très peu de sommeil, travailler toute la journée, la nuit faire les factures et gérer sa boite et rattraper mon retard au niveau des connaissances sur le plan fiscal notamment et pour faire le bilan comptable. Avec le temps, cela va mieux mais les premières années cela était très compliqué. »
Pour l’avenir, l’entrepreneur compte recruter deux apprentis auprès du CFA qui ouvre une section de mécanique marine. Il espère à l’issue du cycle pouvoir embaucher au moins une personne. Il lui faut également recruter un chauffeur.
Sa première entreprise multi services a été créée en 2013 à ses 18 ans. Mais il a préféré bien distinguer les secteurs. En 2019, il lance sa société de réparation navale et fin 2022, la société d’assainissement.
En 10 ans d’expérience d’entreprenariat, il n'a effectué que le stage obligatoire de la Chambre de métiers pour ouvrir sa société. Ce qui l’a aidé à choisir les statuts de ses entreprises mais après, il s’est quand même senti souvent bien seul dans ses démarches administratives.
Sur le plan familial, ce père de trois enfants regrette de n’avoir pas plus de temps à leur consacrer. Mais il assure faire tout ce qu’il faut pour qu’ils ne manquent de rien.
Se serrer la ceinture pour continuer à se développer
Jonathan continue de s’impliquer pour faire fructifier ce qu’il a réussi à créer. Il projette d’acquérir un autre camion de vidange et d’ouvrir un plus grand atelier de réparations pour offrir davantage de services aux clients. Il souhaiterait aussi créer un grand événement nautique pour mieux faire connaître le jet-ski. Une activité de loisir pas toujours bien considérée. Ce passionné croit fermement à la progression de ce type d’engins appelés à devenir électriques.
Le chef d’entreprise aime l’ambiance des grands chantiers où se côtoient divers corps de métiers. Sa plus grande fierté concerne la rénovation complète d’un hôtel de Cayenne et son pire souvenir : son premier désengorgement de toilettes à l’âge de 14 ans. Le premier dégoût de tous les apprentis plombiers. Depuis, il s’est habitué à son gagne-pain « comme il est » souligne-t-il.
Mais si c’était à refaire, Jonathan avoue qu’il n’aurait pas arrêté l’école et se serait formé en ingénierie moteur. Il a voulu reprendre des études mais, devenu papa à 21 ans, il a dû assumer ce nouveau rôle.
Sa toute première indemnité à 14 ans comme apprenti était de 300 euros par mois. Durant ses deux années d’alternance, il gagnait 450 euros et ses années comme professionnel étaient rémunérées au Smic.
Actuellement, Jonathan a, certes, des revenus plus importants mais il se serre la ceinture pour acheter son nouveau camion d’assainissement.
« J’ai commencé le travail très tôt, je n’ai pas connu une jeunesse avec les copains, aller à la plage, sortir etc… c’est un regret. Je n’ai fréquenté que des personnes plus âgées que moi dès l’âge de 14 ans… ».