La Guyane enregistre un nombre de naissances élevé chaque année ce qui contribue à sa vitalité démographique. Mais les grossesses et les naissances ne se font pas toujours dans de bonnes conditions à tel point que le taux de prématurité est deux fois plus élevé soit 13,5% que sur le territoire hexagonal où il est de 7,4%.
Depuis 2020, l’hôpital de Cayenne enregistre de 400 à 500 entrées de bébés prématurés dans le service dédié qui est pratiquement toujours plein.
Lucie Leroyer, infirmière coordinatrice au Lactarium du CHC et présidente de l'association Prema Yana (une association créée par le service néonatal du CHC) souligne l’importance de mener des actions régulières d’information auprès des femmes :
« Le taux de naissances prématurées est extrêmement élevé 13,5% contre 7,4% en métropole. Le Centre hospitalier de Cayenne est le seul hôpital de maternité de niveau 3 capable d’accueillir l’extrême prématuré. Il s’agit des enfants qui naissent à partir de 5 mois et demi et pèsent 500g. Des enfants extrêmement fragiles qui ont besoin d’une assistance respiratoire, d’avoir plusieurs aides pour pouvoir vivre. Ils risquent aussi d’avoir des difficultés dans leur développement futur et c’est important d’agir en amont pour éviter ces naissances à risques. »
Le service Médecine réanimation néonatale du CHC est régulièrement complet. Il s’articule en 3 unités selon le degré de soins que nécessite l’enfant. Ce jour 11 bébés sont en réanimation configurée pour 17 places. Ils sont 7 en soins intensifs où il y a 12 places et 10 en néonat qui compte aussi 12 places.
« L’extrême prématuré commence par un séjour en réanimation. Quand son état s’est stabilisé, il est transféré en soins intensifs et une fois qu’il est assez grand et un peu plus autonome, il passe aux soins néonat avant de rentrer à la maison… »
La précarité, un des facteurs de la prématurité
En 2020, il y a eu 441 entrées dans le service réservé aux prématurés. C’est un chiffre très élevé pour ce service, le seul de Guyane et qui accueille donc les patientes de l’hôpital de Saint-Laurent, de celui de Kourou, également les enfants nés dans les centres de santé des communes de l’intérieur. Les transferts se font alors par hélicoptère.
Beaucoup de facteurs entraînent les naissances prématurées explique Lucie Leroyer :
« Cela peut-être le fait que les mamans ont beaucoup d’enfants et le corps se fatigue et garde moins longtemps les grossesses. La mauvaise hygiène alimentaire, mal se nourrir est un facteur déterminant dans le bon déroulement des grossesses et dans les cas de précarité ne pas manger suffisamment est courant. Autre facteur, les femmes en situation irrégulière qui n’ont pas de suivi de grossesse. La prise en charge de la prématurité est vraiment un enjeu majeur car ce sont les enfants de plus tard. Il faut donc informer sur les conséquences de la prématurité… »
Pour les femmes qui viennent de communes isolées, l’hôpital dispose d’un accueil hébergeant mère-enfant, pour qu’elles ne repartent pas tout de suite. Elles sont accompagnées pour l’allaitement et souvent bénéficient ensuite de l’aide hospitalière à domicile pour sécuriser la prise en charge du nourrisson. Le facteur précarité a de toutes les façons une forte incidence sur la prématurité.
Ces enfants nés prématurés sont ensuite pris en charge par le réseau périnat pendant plusieurs mois ou années. D’autres structures sont aussi associées pour leur suivi psychomoteur et mental.
En 2022, 3900 enfants ont vu le jour à la maternité du Centre Hospitalier de Cayenne et 8205 au total en Guyane.