Journée mondiale de lutte contre l'obésité : se faire aider en Guyane

Photo d'illustration
L’obésité touche un Guyanais sur cinq. Elle est à l’origine de deux autres pathologies répandues en Guyane : l’hypertension artérielle et le diabète. Zoom sur les dispositifs mis en place en réponse à cette problématique de santé, dans le cadre de la journée de lutte contre l'obésité, ce 4 mars 2023.

51 % des Guyanais sont en surpoids ou obèses, selon un rapport de l'INSEE de 2019. A titre de comparaison, dans l'Hexagone, le chiffre est de 47 %. Pire encore, la tendance est à la hausse, et ce au niveau mondial. A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'obésité, nous nous sommes intéressés aux dispositifs mis en place en Guyane en réponse à cette problématique de santé.

Des solutions "adaptées et gratuites"

Nadia Sabbah est endocrinologue et cheffe du service "endrocrino-diabéto-nutrition" au  Centre Hospitalier de Cayenne. Ces cinq dernières années, la filière s'est "structurée" estime-t-elle. Les offres de soins se sont développées et les aides ont été améliorées. "Au sein de l'hôpital, on a une structuration hospitalière de l'obésité avec un médecin dédié", explique-t-elle. 

Les patients sont pris en charge et suivis par un diététicien, un éducateurs sportif, un psychologue, une infirmière d'éducation thérapeutique. "Et en parallèle du secteur hospitalier, on a mis en place - avec le Groupement DIAM (DIabète Amazonie Métabolisme) - une prise en charge adaptée et gratuite pour les patients en situation de surpoids ou d'obésité", indique le Dr. Sabbah.

Il y a aussi la possibilité d'avoir un traitement médical. Et enfin, dernier recours, pour des obésités qui sont résistantes et majeures, c'est la chirurgie bariatrique. Maintenant, on aura aussi cette chirurgie-là en Guyane. On est quand même arrivé à développer des choses intéressantes pour que les patients puissent bénéficier des mêmes soins qu'en Métropole.

Nadia SABBAH, endocrinologue et cheffe du service "endrocrino-diabéto-nutrition" au CHC

A l'origine : de mauvaises habitudes

"C'est, bien sûr, lié aux habitudes de vie. La sédentarité, c'est le mal du siècle. Les gens sont de plus en plus sédentaires, on prend la voiture pour tout", explique l'endocrinologue. L'alimentation, souvent trop grasse et trop sucrée tient aussi un rôle dans ces chiffres. Mais il y a aussi l'environnement général, qui serait un facteur supplémentaire. "Cela ne suffit pas de donner des infos", dit l'endocrinologue.

Il faut que les collectivités prennent conscience qu'il faut des endroits où les gens peuvent faire du sport gratuitement de manière sécure. J'ai beaucoup de patients en situation de surpoids ou d'obésité qui me disent : 'Docteur, moi je n'ai pas d'endroit où faire du sport. Je n'ai pas d'argent pour aller en salle et le soir, je n'ose pas aller dans la rue' [...] Faut qu'il y ait des choses en place pour que les personnes puissent avoir accès à l'activité physique

Nadia SABBAH, endocrinologue et cheffe du service "endrocrino-diabéto-nutrition" au CHC

Comment lutter contre l'obésité ?

"Pour moi, le combat est surtout sur la prévention primaire", estime Nadia Sabbah. Cela passe notamment par les enfants. Elle ajoute : "Bien sûr, il faut aussi former les parents, parce que ce sont eux qui achètent... mais quand les enfants ont l'information, souvent, ils le disent à leurs parents [...] et donc ça peut avoir aussi un impact sur l'alimentation à la maison."

On a fait un programme, qui s'appelle NutriSchool. Les médecins de mon service et l'équipe paramédicale forment les enseignants de primaire de plusieurs écoles différentes pour leur transmettre des bases en nutrition, pour qu'après ils puissent informer les enfants sur les pathologies nutritionnelles et comment bien manger.

Nadia SABBAH, endocrinologue et cheffe du service "endrocrino-diabéto-nutrition" au CHC

La spécialiste rappelle aussi que des gestes du quotidien peuvent aider : "L'activité ce n'est pas que le sport, c'est peut aussi être : se garer loin quand on va faire ses courses et marcher un peu pour aller au supermarché, accompagner ses enfants à pieds ou à vélo... Mais tout ça ne viendra que si tout le monde a envie que ça fonctionne. S'il n'y a que le corp médical, ça ne marchera pas."