Revenu en Guyane en 2019 après ses études, Christophe Mirval a d’abord travaillé en milieu hospitalier avant d’ouvrir son propre cabinet à Cayenne en 2020.
Ce jeune guyanais (bientôt 26 ans) a choisi son métier par goût pour la biologie et la nourriture, il a donc souhaité maîtrisé les règles de la bonne alimentation. Pour cela, il a effectué un DUT en diététique puis une licence en physiologie animale et neurosciences.
Diététicien : un métier sous représenté en Guyane
« Il y a un très très fort besoin en Guyane, une énorme demande dans ce domaine. Il faudrait qu’il y ait beaucoup plus de professionnels de la santé, de l’alimentation et de la nutrition. En libéral nous sommes 4 sur le grand Cayenne plus 1 personne installée à Saint-Laurent. Au total, pour 3000 000 habitants, entre les libéraux et ceux qui travaillent dans les hôpitaux, nous sommes 25, c’est très faible ! ».
La Guyane semblerait désormais se situer davantage sur le modèle américain avec des pathologies grandissantes liées à la mauvaise hygiène alimentaire comme l’obésité et le diabète. Selon le professionnel, il existe un problème de comportement alimentaire en lien avec la méconnaissance des apports nutritionnels des aliments. Cela concerne particulièrement ceux consommés traditionnellement comme, par exemple, les racines, dits légumes péyi qui apportent beaucoup de glucides. Christophe Mirval relève également le principe bien ancré dans la société créole que pour être en bonne santé : il faut manger en grande quantité. Il y a vraiment matière à faire évoluer le niveau d’éducation alimentaire. Certaines populations, longtemps privées de tout, n’adoptent pas obligatoirement les bonnes règles de la nutrition.
Par ailleurs si les capacités financières des usagers sont faibles, il devient plus compliquer pour nombre d'entre eux de bien s’alimenter. Des réflexes de nutrition qui sont, par ailleurs, confortés par la grande distribution promotionnant les viandes, les sodas, les alcools :
« On voit très peu de panneaux publicitaires faisant la promotion de la salade à moitié prix, des aliments bons pour la santé. Cette vision économique de l’alimentation impacte forcément une population qui n’a pas une grande connaissance de ce qui est bien pour la santé ».
Une clientèle plutôt jeune et féminine
Le diététicien reconnaît que généralement il n’y a pas une démarche volontaire de consulter un diététicien, un métier pas très connu mais les choses commencent à s’inverser :
« Je suis agréablement étonné. Il y a de plus en plus de jeunes qui me contactent et considèrent le métier. Parallèlement, je travaille énormément avec les structures de soins comme les Ehpad, les établissements pour handicapés, les associations sportives. Ma clientèle est majoritairement âgée de 30 à 40 ans, des femmes souvent qui après leur grossesse désirent retrouver un rythme sportif et une alimentation plus adaptée ou qui ont essayé moult régimes sans résultat, le diététicien devient alors le dernier recours ! ».
Le diététicien-nutritionniste intervient aussi dans les écoles primaires situées dans les zones prioritaires où il faut apprendre les tous premiers rudiments d'une bonne alimentation.
Nous sommes en saison de graines de palmiers et de collecte de l’awara qui sert de base à la confection du fameux plat traditionnel le « bouillon wara ». Christophe Mirval n’a pas d’objection sur le contenu de ce plat :
« Il y a beaucoup de légumes, des viandes cuits dans le jus d’awara qui est une bonne graisse, normalement cela devrait aller. Le problème vient des quantités ingérées qui sont gargantuesques plus que dans l’équilibre du plat. A cela s’ajoutent les boissons et les desserts. ».
Son conseil : déguster son bouillon d'awara sans excès.