Il y a 21ans, le Parlement votait la loi dite Taubira, dont l’article 2, stipule que « les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent ». Si l’enseignement des esclavages, et de leurs abolitions, n’a jamais été une nouveauté, cette thématique est explicitement rentrée dans les programmes de l’école élémentaire en 2002, et la journée du 10 mai est consacrée à cette histoire, au niveau national.
Ainsi, dès le cm1, cette histoire est abordée. L’approche pédagogique est adaptée, pour ce jeune public. En Guyane, grâce à certaines ressources pédagogiques du CRDP, (centre régional de documentation pédagogique), on aborde aussi bien l’arrivée des esclaves, les résistances, le marronnage, que l’abolition.
Au collège et au lycée, commémoration de l’esclavage, devoir de mémoire
L’histoire de l’esclavage et de son abolition, font partie du programme national. Cependant, pour les “Outre-mer“, il y a des adaptations.
Au collège on aborde cette période historique en classe de 4ème et au lycée, on aborde en classe de 1ère. Dans le programme national, il n’y a pas une leçon spéciale, sur l’esclavage, ou sur son abolition. Pour les outre-mers, il y a des programmes adaptés, qui sont faits localement, soit dans certains cas il y a des substitutions, on peut carrément enlever des parties du programme national, pour mettre, une nouvelle partie.
Amandine Touitou, Inspectrice d’académie, inspectrice pédagogique régionale
Une chose, importante à mentionner, cependant, les difficultés rencontrées par les enseignants. Les manuels scolaires sont réalisés en France, il y a toujours des pages sur l’esclavage, puisque cela fait partie, du programme national, mais parfois il peut y avoir un exemple pris en Guyane, mais pas systématiquement. Donc c’est pour cela, il y a quelques années, des professeurs d’histoire-géographie, s’étaient mobilisés, pour écrire des manuels scolaires d’histoire-géographie, mais ils sont devenus obsolètes. D’où le projet d’un véritable groupe de recherches.
Amandine Touitou, Inspectrice d’académie, inspectrice pédagogique régionale
Ce qu’on cherche à faire pour les professeurs « d’histoire-géographie », c’est de solliciter, les enseignants qui sont investis, motivés, et dynamiques, pour les accompagner dans la création, de ressources, de cours, qu’on va pouvoir mettre en ligne, sur le site de l’académie. On va mettre, en place un groupe de travail, un GRAC, un groupe de recherches actions, il y aura des enseignants volontaires, qui vont pouvoir travailler ensemble, créer des cours, et après on les publiera sur le site de l’académie, pour aider les autres enseignants.
Amandine Touitou, Inspectrice d’académie, inspectrice pédagogique régionale
Une flamme de l'égalité, pour commémorer l’abolition de l’esclavage
En Guyane, trois établissements ont participé au concours « la Flamme de l'Egalité». L’école élémentaire Roland Lucile, de Kourou, le collège Paul Kapel, à Cayenne, et le lycée professionnel Bertène Juminer de Saint-Laurent du Maroni.
Ce concours national permet aux élèves de mener une réflexion, s’appuyant sur « l’histoire de la traite de l’esclavage, de leurs abolitions, de leurs survivances comme de leurs effets et de leurs héritages contemporains ».
L’association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane, une pierre indispensable pour le devoir de mémoire
Depuis sa création dans les années 80, l’association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane, s’est donnée pour objectif, la vulgarisation, de l’histoire de la Guyane.
Cette association offre également des outils exploitables en cours.
Leur emblématique « Concours du jeune historien guyanais », permet une meilleure compréhension de l’histoire de la Guyane. Cette association, à cette occasion présente, une synthèse des dernières recherches historiques.
C'est depuis la loi Taubira de 2001 que l'on a institué cette journée nationale. Il faut savoir qu'en 1983 sous F Mitterrand chaque Dom pouvait choisir une journée de commémoration c'est ainsi que la Guyane avait choisi le 10 juin .Cette même loi Taubira avait prévu un développement de l'enseignement de la question de l'esclavage et de la recherche et cela a eu un impact sur la production historique et les programmes scolaires
Sarah Ebion, membre de l’Association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane
Actuellement cette question est présente dans les programmes du primaire du collège et du lycée. Une année sur deux, nous traitons de thématiques liées à l'esclavage, lors du concours du jeune historien. Les enseignants n'attendent pas les journées de commémoration pour traiter de cette question. Mais ces commémorations permettent de réfléchir aux relations entre histoire et mémoire. Disons que la commémoration du 10 Mai concerne surtout le territoire national et symbolise l'intégration de l'histoire de l'esclavage dans l'histoire nationale. Ce concours doit permettre aux élèves de mener une réflexion citoyenne s'appuyant sur l'histoire de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions, de leurs survivances comme de leurs effets et de leurs héritages contemporains.
Sarah Ebion, membre de l’Association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane