Il est né le 15 mars 1931 à Cayenne. Sa mère, courageuse et fière Fidélia Mariema née Judick a élevé seule cinq enfants. Une enfance marquée par la privation notamment durant la guerre 39-45 où l’approvisionnement en matières premières se faisait difficilement. Il en sera profondément marqué. Déterminé, Jean comprend très vite les enjeux de l’éducation. Il obtient avec mention ses diplômes de fin de scolarité, le certificat d’études et le brevet élémentaire.
Dans l'éducation nationale
En novembre 1949, il devient le premier instituteur en Guyane recruté avec un brevet élémentaire. Après ses classes, cet éducateur du peuple organise des cours pour adultes ainsi que des séances de sports bénévolement. Instituteur puis directeur d’école à Régina, Roura et Iracoubo, de 1949 à 66, il met en place différentes associations sportives, créé la première association de football à Iracoubo, les premiers terrains de basket et de football à Roura. En 1956, il passe le bac option philosophie et entame des études de droit. Il fonde parallèlement l’association des étudiants en droit et met en place un enseignement juridique au lycée Félix Eboué pour les élèves désireux de passer leur capacité.
Lutter contre les injustices
Son moteur reste la lutte contre les injustices et le colonialisme. Il est acteur et témoin de l’histoire de son pays, de toutes les luttes, affiche des convictions bien trempées, parle vrai. Il a vécu les années Justin Catayée et son statut spécial, milite contre la départementalisation offerte par le général de Gaulle, s’inscrit au Réveil progressiste Guyanais, parti proche des communistes. En 1958, André Malraux arrive en Guyane pour défendre le changement de la Constitution souhaité par Charles de Gaulle. Le référendum suscite des remous politiques dans le pays, entre pour et contre.
Le 19 septembre 58, lors de cette visite, une centaine de manifestants accueillent le ministre. André Malraux ne s’y attend pas et se met en colère. Les sympathisants brisent les banderoles. Avec son groupe, Jean Mariema résiste, se battant pour la liberté d’expression, et chante l’Internationale. Cet incident provoque le limogeage immédiat du préfet et du directeur de la police. Le 20 septembre 1958 Jean Mariema est interpellé, jugé le 21 et condamné à quatre mois de prison ferme. Les autres écopent de 10 jours à 1 an de prison. Un événement que relatent « Les Antimémoires » parues en 1967 de Malraux.
Muté d'office dans l'hexagone
Il est muté d’office en France pour des motifs d’ordre politique. Il en profite pour poursuivre des études de droit. Il sera instituteur à Trappes avant de travailler un an en Algérie au titre de la Coopération française en tant qu’assistant en droit à la faculté d’Alger puis chargé d’enseignement au Centre universitaire de Constantine.
Dans l’hexagone, il continue la lutte, fait partie de l’UEG (Union des étudiants guyanais) et diverses associations (comité d’action des pays sous domination de la France à Paris) et syndicats. Titulaire d’une maîtrise de droit privé à Paris, gradué en sciences criminelles et en sciences criminologiques à l’Université de Paris-Panthéon, il devient avocat et rentre en Guyane en 1973. Il devient le 7e avocat de l’ordre des avocats de Guyane.
Deuxième incarcération avec le MoGuyDE
Il créa avec d'autres le Comité des sages. Les membres se réunissent à son cabinet, avant d’être écartés du comité transformé en Mouvement Guyanais de Décolonisation, le MoGuyDe. Il sera quand même arrêté lors du « Complot de Noël » en décembre 1974, un événement qui donna lieu à l’arrestation de treize militants indépendantistes guyanais : huit furent à l’époque transférés et présentés devant la Cour militaire de Paris, dont Jean Mariema, pour atteinte à la sureté de l’Etat.
Il a été également conseiller du secrétaire général de l’UDCGT (1949-1960). Il a formé de nombreux conseillers prudhommaux de l'UTG. Professeur de droit, avocat, bâtonnier au Barreau de la Cour d'Appel de Paris puis de Guyane, Jean Mariema milite pour plus d’indépendance du territoire.
Avocat honoraire depuis 2006, Jean Mariema a inspiré toute une génération d'avocats. Jusqu’au bout, devenu un vénérable vieil homme de 91 ans, il a défendu la Guyane, prenant position avec courage et fierté sans jamais varier de sa ligne.
Il a été également auteur-compositeur avec le titre « Neg rot bô crique », un classique du répertoire musical guyanais. Il était père de 12 enfants.