L'ONU appelée "au secours" par le Premier ministre haïtien Ariel Henry

Frontière entre Haïti et la République Dominicaine
Les contours d’une force internationale de police pour aider Haïti, en proie à la violence des gangs, commencent à se dessiner. Le Premier ministre haïtien Ariel Henry était à la tribune de l’ONU.

Les violences des gangs, qui contrôlent la majeure partie de la capitale de ce pays pauvre des Caraïbes et font régner la terreur, ont fait plus de 2 400 morts depuis le début de l’année, selon l’ONU. La police nationale haïtienne n’est pas en mesure de les affronter d’où l’idée d’une force multinationale en soutien à ce pays aux multiples crises politiques et humanitaires.

Nombreux sont les pays membres de l’ONU et du Conseil de sécurité qui sont déjà convaincus de l’impérieuse urgence d’intervenir en Haïti. La future force doit avoir une importante composante de police mais aussi militaire en soutien à la police haïtienne. « De 10 à 12 pays ont fait des offres concrètes pour cette mission », a indiqué la numéro deux du département d’État américain, Victoria Nuland. Le Kenya, qui s’est porté volontaire pour diriger la force, a proposé de fournir 1 000 membres de ses forces de sécurité. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a annoncé que le gouvernement de Joe Biden allait demander au Congrès 100 millions de dollars pour la financer.

Le pays n’est pas en guerre mais les motifs d’intervenir ne manquent pas :  les enlèvements contre rançon, les pillages, les incendies, les récents massacres, les violences sexuelles et sexistes, le trafic d’organes, la traite des personnes, les homicides, les exécutions extrajudiciaires, le recrutement des enfants soldats, les blocages des routes principales, a récemment énuméré le Premier ministre haïtien Ariel Henry à la tribune de l’ONU.

Une force sous drapeau onusien ?

Cette force multinationale, à laquelle les États-Unis entendent fournir un important soutien logistique (transport aérien, communications, logement, soutien médical) mais pas de forces de sécurité au sol a priori, ne sera peut-être nécessairement déployée sous le drapeau onusien. D’abord, le Conseil de sécurité doit autoriser l’envoi en Haïti d’une force multinationale et ensuite déterminer si elle sera confiée au Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU ou à une autre structure régionale ou internationale.

Le peuple d’Haïti ne peut pas attendre plus longtemps. La communauté internationale, elle, échaudée par les expériences passées et les risques de se retrouver piégée, dans un bourbier meurtrier, s'organise avec prudence.