L’invitée de ce 12e Salon International de Guyane est la Caraïbe francophone. Durant 5 jours les visiteurs pourront échanger avec des auteurs. Parmi eux, les Guadeloupéennes Gisèle Pineau et Jennifer Richard, le Haïtien Jean d’Amérique, la Martiniquaise Véronique Kanor. Ils rencontreront aussi des éditeurs dont le jeune guyanais Mathias Aubry créateur des Editions du Mahury ou encore Paula Anacoana également autrice qui publie notamment la littérature brésilienne axée sur le féminisme et l’engagement politique.
Le programme comporte aussi une séquence particulière pour la jeunesse avec la présence de la journaliste Aurélie Bambuck qui a écrit une bande dessinée plébiscitée par les jeunes lecteurs « Pacotille, l’enfant esclave ». Une autre façon de raconter l’esclavage aux enfants.
Les auteurs guyanais seront évidemment présents, parmi lesquels : Myrto Ribal Rilos (Prix panamazonien 2021), Pierre Appolinaire Stephenson, Marie-George Thébia, Eugène Epailly, Joël Roy, Alexis Tiouka et Hélène Ferrarini (histoire des homes de Guyane), Olivier Copin (BD). Françoise James Ousénie fera une présentation poétique de son dernier ouvrage, la pièce de théatre « Adé la majorine ».
Une nouveauté dans ce salon, la présence de la Scène théâtrale de Macouria qui fera une lecture du texte Bono Doro de l’écrivain Elie Stéphenson. Une résidence d’auteur avec Dénétem Touam Bona (philosophe essayiste) se tiendra au lycée agricole de Matiti. Différentes causeries seront aussi à suivre sur la thématique « Marronnage et société ».
Autre événement dans l’événement, la présentation officielle de la collection des cinq romans « J’écris ma Guyane », résultat d'un concours de 2021/2022 organisé par la direction du livre de la Collectivité territoriale de Guyane.
Le salon du livre guyanais, la plus grande manifestation littéraire de la région caraïbe
Tchisséka Lobelt, membre de Promolivres, nous explique les enjeux de ce salon.
« Il fallait repartir après la pandémie. Il n’y avait plus de salon depuis 3 ans, il faut absolument que l’on fasse une grande manifestation littéraire. C’est la seule dans la région, à part le salon de Bélem. Ce n’était pas évident de se relancer car c’est une opération très lourde. Le budget cette année avoisine les 60 000 euros. On souhaitait offrir quelque chose de qualité, diversifiée et riche. Nous avons donc fait plusieurs partenariats… »
Parmi les temps forts, est prévue une journée professionnelle qui réunira les bibliothécaires et documentalistes pour aborder en présence de professionnels (éditeurs, traducteurs, libraires, illustrateurs) des thématiques autour de la chaine du livre et de ses métiers. Une rencontre essentielle par rapport à la situation de crise globale rappelle Tchisséka Lobelt :
« Après cette crise, l’augmentation du papier, du transport on se pose beaucoup de questions. Est- ce que les livres vont augmenter ? Comment les éditeurs ont pu résister, comment ont-ils fait, comment se porte l’édition ? Pourtant de nouveaux éditeurs s’installent comme le jeune guyanais Mathias Aubry installé dans l’hexagone. Son témoignage sera intéressant. »
Promolivres fête ses 25 ans d’existence et d’actions militantes en faveur du livre, de la lecture, de la promotion des écrivains, de la littérature tout court. Il faut saluer ce travail au long court mais peut-on résister longtemps face à une société de plus en plus dématérialisée et addict à l’image. Tchisséka Lobelt garde l’espoir :
« Personnellement, je pense que le livre aura toujours sa place sous sa forme papier. Le livre se porte bien en lui-même. Pour le prix Goncourt 2021, 500 000 exemplaires ont été vendus, c’est énorme, les gens restent fidèles au papier. Il y a des addict au numérique qui lisent sur des tablettes, mais les gens aiment le livre papier. Le livre ne disparaitra pas. Le papier existe depuis Gutenberg et c’est encore le moyen le plus sûr pour les archives pour les documents. On en sait pas ce que va devenir le numérique, mettre des documents sur un cloud c’est bien mais s’il y a un clash qu’est-ce que cela devient ? »