"La colonisation de la Guyane 1626-1696" , une sélection d'écrits originaux, rarissimes datant du 17e siècle sur l'arrivée des européens

« La colonisation de la Guyane 1626-1696 » aux éditions Hermann, a été publié en deux tomes. Il s’agit de recueils de textes, parfois inédits, sélectionnés par Martijn Van den Bel et Gérard Collomb sur une partie de l’histoire mystérieuse de la Guyane au 17e siècle.

Ces deux recueils de poids sur l’histoire de la Guyane de 1626 à 1696, retracent les débuts de la colonisation européenne sur - ce qui sera appelée - la côte sauvage, désignant le territoire entre l’Orénoque et l’Amazone, autrement dit aujourd’hui, le plateau des Guyanes. Une période dont la découverte de nouvelles annales, a permis de mieux appréhender le contexte. Les auteurs ont sillonné les archives, françaises, hollandaises  et anglaises afin d’aller aux origines des textes retrouvés. Ils les ont réunis, traduits, commentés, afin d’établir une anthologie à partir des années 1620.  

La grande et la petite histoire

Les premières expéditions anglaises, hollandaises et françaises ont pour objectif d’établir des  colonies sur le territoire. Elles se heurtent à la présence d’Amérindiens. D’abord, les colonisateurs établissent un rapport d'échanges  commerciaux. De petits comptoirs s’installent, les puissances européennes se disputent le territoire. Au fil des ans, les colons deviennent plus nombreux et progressivement prennent possession des terres. Les missionnaires jésuites évangélisent. La population amérindienne, elle, s’éteint. Dans le même temps, la production agricole se développe. C’est à cette période qu’arriveront les premiers esclaves.

Les archéologues des écrits

Martijn Van Den Bel l'un des auteurs

Les auteurs ont procédé comme des archéologues, passant parfois deux mois aux archives sans rien trouver et puis un jour, une référence permet d’identifier de nouvelles sources. D’ailleurs (les auteurs)Martijn Van Den Bel est archéologue de profession et Gérard Collomb anthropologue. Il a fallu près 8 ans pour recueillir, concevoir, écrire ces ouvrages présentés en deux volumes. Les textes sont le plus souvent, difficilement accessibles. Les documents publiés sont originaux. Il s’agit de lettres, de rapports, d’actes notariés, de contrats, de récits permettant d’étayer les notes historiques des auteurs. Chacun fait l’objet d’une introduction. Le lecteur peut ainsi le recontexter.
Au 17e siècle, la Guyane est un nouveau monde, les ouvrages présentent l'évolution de la conquête européenne : installation de compagnies de commerce, échecs des nombreuses tentatives de peuplement, actes notariaux stipulant la vente des premiers esclaves, récits de voyage, premières impressions des colons sur la Guyane... Ce sont des outils précieux, de référence, destinés au grand public mais aussi aux universitaires et chercheurs.

Retrouvez la version vidéo

"La colonisation de la Guyane, de 1626 à 1696" de Martijn van Den Bel et Gérard Collomb, un recueil de textes inédits datant de cette période.

 

Martijn Van Den Bel un archéologue de "l'histoire écrite"

« La colonisation de la Guyane 1626-1696 » aux éditions Hermann, a été écrit par Martin Van den Bel anthropologue et Gérard Collomb anthropologue.

Martijn Van Den Bel se livre au jeu des questions/réponses : 

-Quels sont les objectifs de ces ouvrages ?

L'objectif est de mieux connaître les relations entre les Amerindiens et les Européens en Guyane pendant le 17e siècle.

-Comment avez-vous procédé pour collecter les textes présentés ?

Un bon nombre de documents sont connus et disponibles dans les bibliothèques et archives de l'Europe mais parfois on tombe sur des documents ou récits inconnus après plusieurs séjours de dépouillement dans les archives.

-La Guyane au 17e siècle, c’est un pan de l’histoire qui n’est pas assez mis en lumière ?

Oui, la population de la Guyane est très jeune car la plupart des gens sont arrivés après l'abolition de l'eslavage (en 1848 la Guyane décomptait environ 20 000 personnes) et par conséquent l'intérêt de cette population et ses historiens porte sur cette période d'environ 150 ans. Le 17e siècle est alors considéré souvent lointain et poussiéreux et rattaché seulement à l'esclavage soit une épisode que la populace de la Guyane a envie d'oublier en renommant les stades, rues et rondpoints ! Je pense il s'agit d'une période clé et fondatrice pour la Guyane qui mérite plus d'attention aux sujets du début de l'esclavage et le rencontre avec les Amérindiens, peuple premiers du Nouveau Monde.

-Pourquoi avoir choisi des textes de 1626 à 1696 ?

Avec Gérard Collomb nous avons déjà traité une vingtaine de textes qui racontent les rencontres entre Amérindiens et Européens 1560-1626 en 2014 et maintenant on voulait faire la suite de cette histoire afin de connaitre l'évolution du rôle des Amérindiens lors de la période de la Colonisation de Guyane.

-Quels sont les textes, les plus inédits que vous avez pu retrouver ?

Il y a le journal de René de Monpilliers (1652), celui de Jean Christophe Chalon (1664) ou encore l'acte notaire de la première cargaison d'esclaves africains à Cayenne chez un notaire à Amsterdam daté de l'année 1659.

-Ces ouvrages sont destinés au grand public, mais aussi aux universitaires et chercheurs, c’est d’abord votre objectif ?

Oui, l'histoire de la Guyane appartient à tout le monde et ces deux tomes sont une bonne introduction au début de l'histoire écrite de la Guyane (j'ignore ici les recherches archéologiques qui portent sur la préhistoire de la Guyane). Par ailleurs, nous avons remarqué que l'historiographie ancienne de la Guyane qu'on trouve aujourd'hui sur Wikipédia ou autre moyen de divulgation populaire est fondée sur quelques écrivains du 20e siècle ou encore du 19e siècle dont les derniers ne citent guère leurs sources ce qui pose des problèmes; or, il nous semblait important de retrouver les documents originaux et de les présenter au grand public, les étudiants et universitaires.