La commission d’enquête sur la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane rend sa copie aujourd'hui

L'un des 2 sites alluvionnaires démantelés le 10 juillet par les gendarmes et les Forces Armées de Guyane lors d'une mission fluviale et terrestre dans le Parc Amazonien.
Ce matin, le député Gabriel Servile procède à la remise du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane. Plusieurs propositions sont avancées pour améliorer l’efficacité des politiques publiques de lutte contre ce fléaux.

« Il ne faut pas considérer l’orpaillage illégal comme une fatalité insurmontable », indique en préambule le député Gabriel Serville, rapporteur pour la Commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane.

Du 5 au 10 juillet, un groupe de parlementaires a ainsi mené une mission d’études conduite par le député Lénaïck Adam, président de la commission d'enquête.

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Après les observations et les entretiens sur le terrain, le groupe de travail a donc rendu son rapport avec de nombreuses propositions. Gabriel Serville intervient ce matin à 10h (15h, heure de Paris). Le rapport est remis à huis clos.
Pas de révolution ou d’innovation sur le fond : il s’agit surtout de renforcer les moyens et dispositifs déjà en place.

Recentrer le pilotage au plus haut niveau de l’État

Dans un premier temps, les parlementaires suggèrent la création d’un poste de conseiller spécial auprès du Président de la République. En effet, l’analyse des résultats des dix dernières années fait apparaître l’apport essentiel de l’implication du chef de l'état et de ses services dans le suivi de la lutte contre l’orpaillage illégal.

Autres suggestions pour davantage de moyens humains : transformer l’État-Major de lutte contre l'orpaillage et la pêche illicite en « task force », dotée de personnels supplémentaires. Sans oublier le renforcement conséquent en hommes et en matériels du dispositif Harpie.

Confier aux chefs coutumiers des fleuves un rôle de « vigie »

Pour plus d’efficacité dans les stratégies et les tactiques de lutte, il conviendrait d’impliquer davantage les chefs coutumiers. Il ne s’agit pas de leur confier des pouvoirs de police, mais de leur conférer avant tout un rôle d’information des populations et des forces de l'ordre.

À plus long terme, Gabriel Serville appelle à élaboration d’un statut international du fleuve Maroni en associant les populations autochtones, amérindiennes et bushinengué, à sa gestion au quotidien. « Un premier pas dans ce sens pourrait être fait par la création d’un conseil du fleuve Maroni, avec une personnalité morale et un financement binational. »

Développer l'écotourisme pour reconquérir des sites

Le plan stratégique de lutte contre l’orpaillage présente aussi un volet économique en deux axes : développer avec prudence des activités minières légales au cas par cas, sans généraliser cette pratique, et accompagner la reconquête des espaces, par exemple par le développement de l’écotourisme. A Saül, principale destination écotouristique du sud de la Guyane, la fréquentation régulière des 45 km de sentiers de randonnée, associée aux actions de surveillance « permet aujourd’hui d’avoir une zone exempte d’orpaillage dans un rayon de 20 km autour du bourg. » L’agriculture vivrière et l’artisanat sont d’autres pistes à explorer.

Une coopération internationale plus efficace

Relancer la coopération avec le Brésil et le Suriname reste primordiale, tant sur le plan judiciaire, pénal et logistique avec des forces conjointes militaires, policières et douanières.

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Enfin, concernant les impacts sanitaires et environnementaux, la commission d’enquête préconise de généraliser le dépistage de l’intoxication au mercure et d’accélérer la création d’hôpitaux de proximité dans les communes du fleuve.