"Crèches en danger", "Pour une PSU DOM", "La couche est pleine"... Ce sont quelques slogans inscrits sur les affiches des manifestants, majoritairement des femmes, ce 19 novembre à l'occasion de la mobilisation nationale des professionnels de la petite enfance.
En Guyane, le cortège est parti de la crèche Mo Pitit à Zéphyr pour se rendre à l'hôtel de la CTG. Près de 500 personnes ont marché sur la route de Montabo, selon les organisateurs.
Parmi elles, des professionnelles, mais pas que. Claudia est mère de famille : "C'est vrai que mes enfants sont grands, ils sont scolarisés mais ça a été très difficile pour nous, parents, de les inscrire. Maintenant il y a beaucoup plus de structures, mais il faut les accompagner. C'est du boulot de prendre le rôle des parents. C'était important d'être là, il faut que les choses avancent et avec des moyens."
Une PSU adaptée aux réalités territoriales
Le mouvement national est mené par le collectif "Pas de bébés à la consigne", en réaction à une politique petite enfance jugée "inefficace" depuis plus de 15 ans. Au niveau local, les professionnels dénoncent avant tout :
- des retards de versement des liquidations (par les collectivités notamment) qui induisent des difficultés de versement des salaires et une mise en danger de la pérennité des structures ;
- un manque d’attractivité du secteur pour des potentiels salariés qui craignent de ne pas percevoir leurs salaires ;
- une revalorisation de la Prestation de Service Unique versée par la CAF aux crèches.
"On en a marre que la situation des départements d'Outre mer ne soit pas prise en compte et que l'on considère que le pouvoir d'achat en Hexagone est le même qu'en Guyane", nous explique une manifestante. Elle poursuit :
Nous demandons d'avoir une PSU qui nous permet de financer le coût des crèches pour qu'on puisse répondre au service public de manière équitable, comme on métropole. On sait très bien que lorsqu'on achète un paquet de couches en Guyane, ce n'est pas le même prix qu'en métropole.
Guylène Bonnaire, gestionnaire de la crèche "Les Petits Sourires"
Une mobilisation très suivie au local
Roseline, agent d'une crèche, a décidé de joindre la mobilisation pour faire entendre sa voix : "quand on passe dans les bureaux et qu'on demande personnellement, on n'est pas assez entendu. Je pense qu'avec cette mobilisation, avec tout le personnel de crèche, ça ira plus haut et plus fort", estime-t-elle.
Et il faut dire que les professionnelles sont nombreuses à battre le pavé ce matin-là. D'ailleurs, 96% des EAJE de Guyane (ce qui représente près de 1 900 places et 700 salariés) sont fermés ce mardi en soutien à la manifestation. Certaines venaient de Saint-Laurent du Maroni et de Kourou.
Patrick, agent polyvalent au sein d'une crèche, a pu se joindre au mouvement pour soutenir ses collègues : "je vois qu'elles sont quelque peu débordées par le temps de travail et surtout le nombre d'enfants qu'elles ont pour la journée, mais elles n'ont pas forcément les moyens."
Des moyens, c'est ce qu'exigent les meneuses de la manifestation. Elles ont demandé à s'adresser à des élus de la Collectivité Territoriale, mais ont été convoquées par la Préfecture de Guyane.
"On va avancer les revendications pour permettre au secteur de la petite enfance d'exister", indique Nathaly Tillé - Agarande, membre de la FDSPEG et gestionnaire d'EAJ à Rémire-Montjoly et Montsinéry-Tonnégrande. Et d'ajouter :
Nous allons reprendre avec le Préfet l'ensemble des points que nous revendiquons aujourd'hui. On espère que toutes les dispositions soient retravaillées. L'idée pour nous, c'est vraiment de rencontrer tous les partenaires autour d'une table pour voir ce qui va être mis en oeuvre pour faire repartir ce secteur dans de meilleures conditions.
À l’issue de la réunion, le préfet de Guyane Antoine Poussier s'est engagé à organiser une rencontre avant le 15 décembre en présence de la CTG, de la Protection maternelle et infantile, de la CAF et de l'association des maires de Guyane.