La fête des pêcheurs : deux jours pour découvrir le monde de la pêche guyanaise

Pêche en Guyane
La fête des pêcheurs se tient sur 2 jours. A Cayenne ce vendredi et samedi à Matoury. Il ne s’agit pas seulement d’une mise en avant des produits de la pêche mais bien d’en apprendre plus sur les pêcheurs et sur le projet Palica 2, le programme de limitation des captures accidentelles porté conjointement par le Comité Régional des Pêches WWF Guyane et le CNRS.

La fête des pêcheurs est une opération de promotion du secteur de la pêche. L’occasion de rencontrer des pêcheurs et de se familiariser avec d’autres espèces de poissons méconnues et non consommées pour diverses raisons.

Diversifier la consommation des poissons

L’opération va se dérouler en deux temps. D’abord à  Cayenne, ce vendredi 23 juin de 8h à 13 à proximité du marché à la rue Mentel, avec un condensé d’animations prévues pour les enfants et les adultes. L’invitation est lancée au grand public afin qu’il découvre le monde de la pêche.

« Il y aura des jeux pour les enfants, des échanges avec les professionnels de la pêche, des échanges avec les employés du Comité des pêches, avec des employés de WWF qui travaillent sur des thématiques de valorisation pour la filière pêche et des explications sur le projet Palica. » Indique Tony Nalovic, ingénieur halieute au Comité régional des pêches de Guyane (CRPMEM)

Le samedi 24 juin, le rendez-vous est fixé au centre commercial Plaza à Matoury. Avec la collaboration de chefs cuisiniers locaux, le public pourra déguster des créations culinaires réalisées à partir de poissons peu consommés en Guyane :

« Il ne s’agit que de dégustations des espèces que l’on ne mange pas habituellement précise Tony Nalovic. Nous avons demandé à des chefs de préparer de nouvelles recettes. La raie est, par exemple, une espèce souvent rejetée. Vendue 1 euro le kilo, elle n’est pas rentable pour les pêcheurs »

Parmi les autres poissons rejetés en mer, figure le couman couman pasani ou machoiran, le palika. Ils ne trouvent pas preneurs sur les étals des marchés.

Rendre ces poissons plus attractifs s’inscrit dans une démarche commerciale de diversification des produits dans le respect de l'environnement : « l’idée c’est aussi de réduire notre impact écologique. On va à la pêche pour vendre du poisson. Il nous faut atteindre un certain volume, s’il n’est pas atteint, on pêche davantage. Avec le rejet des raies, des machoirans, des palikas, la glacière se remplit moins vite. Alors on augmente les coups de filet, de 8 on passe à 10. C’est un effort en mer en plus, des charges supplémentaires, plus de carburant… »

Une concurrence déloyale à deux niveaux

Selon Tony Nalovic, il y a deux types de pêche illégale, celle des étrangers qui viennent opérer dans les eaux guyanaises, et les pêcheurs illégaux locaux et de plus en plus puissants. « À la crique, il y a plus de bateaux illégaux que de bateaux légaux ». Les pêcheurs légaux souffrent davantage de cette concurrence intérieure. Elle est le fait des plaisanciers qui se transforment en braconniers. Explications : « Ils veulent des vessies et vendent les poissons à bas prix. Régulièrement les pêcheurs de Kourou déplorent cette situation surtout pendant la période de haute pêche où ces plaisanciers pêchent de 100 à 150 acoupas par jour. Des gros acoupas entiers sont vendus 10 euros… Ils pêchent tous les jours, cela s’appelle du braconnage »

Et d’ajouter : « S’ils n’appauvrissent pas la ressource, ils font une concurrence déloyale aux professionnels alors que, seule la présence des professionnels en mer, empêche la pêche illégale étrangère de venir. »

En 2020, la pêche côtière comptait 120 bateaux aujourd’hui, il n’y a que 40 bateaux en opération car la situation économique est difficile et la rentabilité n’est pas au rendez-vous.

Palica, un projet de longue haleine

Le premier dispositif Palica (Pêcheries Actives pour la Limitation des Interactions et des Captures Accidentelles) a été mis en place en 2010 pour protéger la pêche crevettière victime de la sur pêche étrangère.

Cela a pris 10 ans au Comité des pêches pour être soutenus par des partenaires (WWF Guyane et CNRS) souligne Tony Nalovic, ingénieur halieute au CRPMEM) :

« En 2019 après une étude de faisabilité, nous avons fait une demande de fonds européen pour mettre en place Palica 2. Ce 30 juin nous aurons terminé le projet Palica 2. Nous avons déposé le dossier Palica 3 sur les fonds verts et sommes en attente du retour de l’Etat sur celui-ci ».