Monique Blérald universitaire, présidente de l’Observatoire régional du carnaval, porte depuis 2014, le projet d’inscription "du Carnaval et du Touloulou du bal paré masqué au patrimoine immatériel mondial de l’Unesco."
Ce long processus est déjà bien avancé mais il reste l’adhésion de la population, l'un des éléments essentiels, dans cette procédure de sauvegarde.
Depuis le 26 octobre 2017, "le Carnaval et le Touloulou du bal paré masqué" sont inscrits au patrimoine culturel immatériel national. Une étape importante dans la reconnaissance officielle de cet événement culturel majeur guyanais, mais ce n'est qu'une étape.
Un processus long et compliqué
Le patrimoine culturel immatériel peut disparaitre à tout moment. Pour y remédier, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a élaboré la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en 2003.
À ce jour, cette Convention compte 178 pays signataires qui ont inscrit près de 500 éléments aux listes du patrimoine culturel immatériel et au registre des bonnes pratiques de sauvegarde.
Le patrimoine culturel immatériel doit être reconnu par les collectivités, les groupes et les personnes qui l’enrichissent, l’alimentent et le transmettent.
La phase éditoriale
La candidature pour faire reconnaître "Le Carnaval et le Touloulou du bal paré masqué comme patrimoine culturel immatériel de l'Humanité," portée par l'ORCG est en phase éditoriale.
Monique Blérald présidente de l'ORCG répond à nos questions :
-Cette année, l'inscription du Carnaval et du Touloulou au patrimoine immatériel de l'Unesco ne fait pas la une de l'actualité, où en êtes-vous du processus ?
Actuellement, nous avons besoin de nous concentrer. Tous les mercredis, nous sommes réunis afin de rédiger le dossier d’inscription. Il fait des allers retours au ministère de la Culture où des conseillers regardent et vérifient ce qui est écrit. Ils nous font des suggestions que nous devons apporter par rapport à l’évolution du dossier. Ce n’est pas évident d’actualiser les données, en fonction de l’actualité, par exemple par rapport à la fermeture de Nana ou comme dimanche dernier l’annulation du carnaval de rues. Au niveau du ministère de la culture on nous demande de partir de ces éléments pour demander une sauvegarde urgente, un plan de sauvegarde, pour cette mutation du carnaval face aux attentes des jeunes. Il faut être en phase avec le temps présent. Nous avons deux équipes : une équipe rédactionnelle avec des universitaires, des anthropologues, linguistes, sociologues etc… et une autre équipe qui va sur le terrain relancer les maires, les entreprises, pour avoir les attestations, les délibérations, on court après les personnes...
-Quel est l’accueil que vous recevez ?
C’est frileux. Tout le monde dit que c’est bien, mais il y a peu d’actes concrets. Nous sommes des bénévoles. Nous sommes partout, nous allons également dans les écoles, dans les Chambres Consulaires pour récupérer les documents nécessaires. Cette année, nous nous rendons dans les communes du littoral, nous allons à la rencontre des communautés, les Amérindiens, les Bushiningués pour savoir comment le carnaval est perçu chez eux. Nous devons montrer que le carnaval avec cette inscription, concerne toute la population et pas que quelques personnes.
-Dans quelle phase du processus, vous-vous inscrivez actuellement ?
Déjà le processus est très long. Cela dure dix ans environ. (…) Au début nous avons fait beaucoup de promotion, mais là, nous sommes dans la phase où nous consolidons notre dossier car il nous faut un dossier solide à déposer au ministère de la Culture qui va retenir une seule candidature, parmi d’autres régions françaises. Nous déposerons notre dossier en 2023, après c’est le ministère qui décide s’il est retenu ou pas, pour le présenter la commission de l’ Unesco. Elle va encore se pencher dessus en épluchant les attestations, les preuves, les textes… pendant un an car chaque Etat membre devra donner un avis. Donc, c’est très long. Il faut que nos élus fassent également du lobbying auprès de Emmanuel Macron et son gouvernement afin qu’ils soutiennent notre demande.
-Vous y croyez toujours ?
J’y crois car je me dis que notre action servira aux générations futures. Notre carnaval a eu une âme, est riche d’une identité. Il est spécifique et singulier avec un repère temporel, c’est cela notre force. Si on laisse partir cela au profit d’une philosophie mercantiliste basée sur l’égo on n’a rien compris à ce carnaval et à sa richesse. Il véhicule un savoir être unique au monde. Nous irons jusqu'au bout.