Toute la population de Saint-Laurent est sous le choc. L’agression atroce commise par un sans domicile fixe ce lundi 8 avril n’a laissé aucune chance à sa victime Hélène Tarcy-Cétout, une professionnelle de santé, pharmacienne et pompier volontaire qui est décédée des suites de ses blessures.
Ce nouveau fait divers tragique dans la ville de l’ouest gangrenée depuis des mois par une violence toujours plus prégnante suscite l’inquiétude.
Spontanément les habitants se sont réunis devant le centre commercial où se sont produits les faits pour dire non et stop à l’ignominie et rendre hommage à la jeune pharmacienne.
Les réactions se multiplient
Les réactions officielles sont nombreuses depuis ce matin. Le syndicat des pharmaciens est tout de suite monté au créneau et les rideaux de toutes les officines des Guyane ont été baissés. Seule la pharmacie d’astreinte a délivré des médicaments au guichet de garde.
Le président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Gabriel Serville dans son communiqué a fustigé : « Cet acte aussi abominable que lâche, plonge la population et particulièrement la communauté des pharmaciens du territoire et des sapeurs-pompiers auprès de qui elle intervenait, dans l’effroi et la tristesse… ». Il a aussi souligné le dynamisme et l’engagement de la jeune femme pour les questions de santé sur le territoire, rappelant qu’elle faisait partie des lauréates du concours national des 101 femmes entrepreneures, reçues à l’Elysée au mois de mars.
Une manifestation à laquelle participait la déléguée aux droits de la femme, Isabelle Hidair-Krisky qui a aussi fait part de son immense tristesse dans un texte qui rappelle les qualités d’engagement de cette jeune pharmacienne :
Le maire de Kourou, François Ringuet sur son réseau social Instagram a exprimé sa solidarité vis-à-vis de la famille de Françoise Tarcy-Cétout, aux sapeurs-pompiers de Saint-Laurent.
Sophie Charles écrit au président de la République et demande une « opération place nette XXL »
La maire de Saint-Laurent tout rappelant les circonstances du meurtre dans l’unique supermarché de la ville et la stature de la victime, une jeune pharmacienne qui s’est vue, il y a un mois, récompensée à Matignon dans le cadre du concours « 101 femmes entrepreneures » saisit une nouvelle fois le chef de l’Etat. Elle demande la mise en place dans sa ville la continuité des opérations « places nettes XXL ».
« La ville de Saint-Laurent-du-Maroni présente toutes les caractéristiques d’un territoire fortement impacté par le trafic de stupéfiants et la violence et doit bénéficier d’une telle opération ».
Elle rappelle également :
« … Saint-Laurent-du-Maroni est une ville frontalière du Suriname qui connaît de profondes difficultés économiques, sociales et politiques. Ce pays est supposé être une plaque tournante du trafic de stupéfiant et, également un lieu de passage de l’immigration clandestine vers la Guyane en provenance d’Haïti, de la République Dominicaine, de Cuba et du Brésil... Le phénomène de gangs au nombre de 14 répertoriés est aujourd’hui avéré à Saint-Laurent-du-Maroni et puise son origine et son succès dans une jeunesse nombreuse et à la dérive. Enfin la libre circulation des armes, alors qu’il n’existe même pas d’armurerie à Saint-Laurent-du-Maroni est un sujet majeur sur l’ensemble du territoire. »
« Toute la Guyane a mal » disent les députés Davy Rimane et Jean-Victor Castor rappelant que « Ce drame met à nouveau en lumière l’échec total de l’état dit protecteur et nécessite des autorités publiques qu’elles s’attaquent aux sources de l’insécurité… Les Guyanais souffrent, la Guyane est dans une situation de chaos généralisé… »
L’association des maires a exprimé sa plus profonde tristesse et son indignation face à ce tragique événement. Le communiqué annonce également la fermeture de l’ensemble des mairies, des Etablissements Publics de Coopération intercommunale et du centre de gestion le 12 avril en geste de deuil et d’appel à la réflexion collective. Les établissements scolaires resteront ouverts pour qu’il y ait « un temps d’échange et de parole autour de la violence, pour sensibiliser nos jeunes à cette problématique cruciale et les encourager à construire une société plus pacifique ».
Trop c’est trop, Saint-Laurent ville morte le 9 avril
L’association PSP – Posititif Soholan Pikin- qui a tenu une réunion du 5 avril dernier sur la violence invite à un grand rassemblement devant la sous-préfecture de Saint-Laurent ce mardi 9 avril et à une ville morte de 7h30 à 12h30.
Les responsables de PSP disent : Trop c’est trop !!! Tous ensemble contre l’insécurité.