Les vendeurs occasionnels de fleurs sont de sortie, ils proposent le fameux brin de muguet associé à la fête du travail. Une branche de la fleur clochette blanche vendue entre 2,5 euros et et 4 euros.
Le muguet : de la royauté au pétainisme
Mais d’où vient cette coutume d’offrir du muguet au mois de mai ? Il faut remonter à l’époque de la Renaissance, le roi de France, Charles IX, offrit le 1er mai 1561, à quelques personnes de sa cour, des proches, un brin de muguet comme porte bonheur. Le muguet a, ensuite, été remplacé, durant la période révolutionnaire par l’églantine. Une fleur rouge qui symbolisait le sang versé par les travailleurs opprimés.
Finalement, ce sont les gens de la mode qui recommenceront à offrir du muguet à leurs employés et à leurs clients à la fin du 19e pour fêter le 1er mai. Puis, lorsque le maréchal Pétain instaure officiellement la fête du travail et la concorde sociale en 1941, il fait du muguet le symbole de cette journée.
Une tradition plutôt respectée en Guyane
A ces éléments historiques, on peut rajouter quelques traits de cette plante ornementale d’une délicate fragrance. Elle est cultivée essentiellement dans la région de Nantes mais on la trouve également à l’état naturel dans les bois, d’avril à mai. Derrière la coutume, il y a bien sûr une activité commerciale d’importance et elle existe bel et bien aussi en Guyane où les fleuristes ne manquent pas chaque année d’en proposer à leur clientèle.
Mais à l’heure où se posent de nombreuses questions sur nos habitudes de consommation, de leur impact carbone diront les écologistes, de leur utilité réelle diront d’autres, est-il nécessaire d’avoir son brin de muguet pour célébrer la fête des travailleurs ?
Pour Auguste qui offrait du muguet dans sa jeunesse : « Le muguet se vend bien en Guyane. J’offrais du muguet pour faire plaisir, sans réflexion particulière sur le bien-fondé. Je le faisais par habitude comme on me l’avait inculqué. Maintenant je n’en achète plus, car cela n’est pas une obligation… ».
Cécile, un peu perplexe, ne s’est jamais posé la question de l’utilité du muguet pour défiler en Guyane : « C’est une jolie plante qui sent bon. Mais cela serait peut-être bien qu’il y ait une plante de chez nous pour représenter le 1er mai. Mais il y a toute une symbolique qui nous a été inculquée depuis l’enfance et cela reste ancré. Je n’ai pas de revendication particulière à ce niveau là… ».
« Pour moi, cela n’a rien d’essentiel ni d’obligatoire, répond Alice, d’ailleurs si on m’en a offert moi jamais… néanmoins, il faut laisser le libre arbitre à chacun. Maintenant, s’il faut défiler avec une fleur, on pourrait, peut-être utiliser une fleur locale. L’aspect économique peut être pris en compte, mais la fête des travailleurs peut aussi se faire sans fleur… »
Enfin pour Marie-Claire, plus catégorique : « … le muguet n’a pas d’utilité particulière, c’est futile …. Un luxe dont on peut se passer et qui a une dimension acculturée. Si en France cela a une signification, pas en Guyane. C’est un signe d’aliénation et d’ailleurs cela n’est pas le seul… »
Oser changer une tradition peut-être désuète ?
Alors, sans en vouloir à l’activité des fleuristes, bien au contraire, est-il nécessaire d’avoir du muguet en Guyane à l’occasion du 1er mai ? Faut-il développer une filière de fleurs locales pour cette période ? Ou encore pourrait-on imaginer un autre symbole pour manifester et célébrer la journée internationale des travailleurs ?