Le recours à l'IVG est très élevé en Guyane

.
C’est en Guyane qu’il y a le taux le plus élevé d'IVG (Interruption volontaire de grossesse) de France rapporte l’ARS (Agence régionale de la santé) dans son dernier bulletin d’information. Ce taux atteint 46,7% pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans.

Le 17 janvier sera commémoré le cinquantenaire de la loi Veil votée le 17 janvier 1975 autorisant l’interruption volontaire de grossesse. Un moment fort de la société française.
La dernière étude réalisée sur la pratique des IVG par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) confirme la hausse des IVG observée en 2022 en France. Bon nombre d’entre elles étant effectuées hors établissements de santé. En 2023, 243 600 femmes ayant entre 15 à 49 ans ont interrompu leur grossesse.

Une constante augmentation des IVG en Guyane

Le taux des IVG dans le DROM 31,2% est pratiquement le double de celui de l’hexagone 16,2%. La Guyane présente le taux le plus élevé : 46,7 %. Les auteurs du rapport considèrent toutefois : « En Guyane, les grossesses précoces sont plus fréquentes, en partie du fait d’une méfiance accrue par rapport à la contraception (ARS Guyane, 2022) ; de plus, il est probable qu’une part non négligeable des IVG concernent des femmes non-résidentes en Guyane, d’où un taux de recours élevé, et probablement surestimé à cause d’un dénominateur ne comptabilisant que les femmes résidant en Guyane »

Sur le plan local l’avis diffère quelque peu, selon la présidente du réseau Périnat, le Dr Nadia Thomas « le vrai chiffre est à 50% » du fait du recueil incomplet des données.

Ce recours très élevé à l’IVG s’inscrit toutefois dans un contexte particulier. Pour la référente santé sexuelle et reproductive de l’ARS, Louise Vuylstecker souvent le recours  à l’IVG fait suite à « … Des relations sexuelles non consenties qui amènent à des grossesses non désirées puis à l’IVG ».
Un constat que dresse aussi la présidente du réseau Périnat Guyane : « 30% des jeunes femmes entrent dans la vie sexuelle par un rapport forcé ou pas vraiment souhaité c’est-à-dire par un viol. »

En Guyane, il y a 40 fois plus de grossesses chez les moins de 15 ans que dans l’Hexagone, ces jeunes femmes ont quatre fois plus recours à l’IVG.

Une pratique qui s’explique par une défiance envers la contraception pour des raisons culturelles ou religieuses.

Chez les mineures de 15 à 17 ans : la moyenne nationale de recours à l'IVG est de 5,6%, la moyenne en Outre-mer est de 14,6%. La Bretagne et la région qui affiche le taux le plus bas de 4,3% et à Mayotte, la deuxième région qui a recours à l'IVG, le taux est de 15%. En Guyane, le taux est de 22%.

La lettre de l'ARS Guyane du 7 janvier à retrouver ici 

Retrouvez ici ce reportage de mars 2024 : Les chiffres de l'IVG en Guyane