Les deux assassins de Marielle Franco condamnés à 78 et 59 années de prison

De gauche à droite: Agatha Santos, Anielle Franco, Marinete Silva et Luyara Santos qui militent en faveur de la mémoire de Marielle Franco, assassinée en 2018.
Le 31 octobre, les deux anciens policiers militaires ayant assassiné Marielle Franco en 2018 ont été condamnés par le tribunal de Rio de Janeiro à 78 et 59 années de prison. Le meurtre de cette militante politique brésilienne, égérie de la cause noire et LGBT, était devenu un symbole de la violence politique au Brésil. L'enquête concernant les commanditaires, elle, est toujours en cours.

"La justice est parfois lente, aveugle, bête, mais elle est rendue. Elle arrive même pour ceux qui, comme les accusés pensaient qu'ils ne seraient jamais atteints par la justice".

C’est par ces mots que la juge Lucia Glioche a prononcé, le 31 octobre, au tribunal de Rio de Janeiro, une sentence historique : la condamnation des deux anciens policiers militaires qui, le 14 mars 2018, ont assassiné Marielle Franco, ainsi que son chauffeur.

Cette charismatique conseillère municipale de Rio de Janeiro, issue de la communauté noire, et ayant grandi dans les favelas était une des égéries du mouvement LGBT et une figure de la lutte en faveur des droits humains.

Une affaire à l'écho international

Après deux jours d'audience, Ronnie Lessa et Elcio de Queiroz, les auteurs du crime qui participaient en visioconférence depuis leur prison, ont été respectivement condamnés à 78 années et neuf mois ainsi qu'à 59 années et huit mois de prison. Ils devraient bénéficier d'une remise de peine obtenue lors de leur passage aux aveux en 2023 et en raison de leur collaboration avec la justice.

Six ans après les faits, il s'agit de la première condamnation dans cette affaire au retentissement mondial. L'assassinat brutal de Marielle Franco, alors âgée de 38 ans, dans sa voiture, a dévoilé au monde la toute-puissance du crime organisé au Brésil et le climat de violence politique qui règne dans le pays et dont les premières victimes sont les figures issues des minorités et des quartiers populaires.

Cette sentence a été reçue avec soulagement par les proches des victimes qui ont laissé éclater leurs larmes pendant le délibéré. Pour autant, dès la sortie du tribunal ceux-ci ont rappelé que les commanditaires du meurtre n'avaient pas encore été condamnés.

Enquête en cours

Trois principaux suspects ont pourtant été arrêtés en 2024 : Domingos Brazao, conseiller du tribunal des comptes de Rio de Janeiro et son frère Chiquinho, député fédéral, ainsi que Rivaldo Barbosa, chef de la police civile au moment des faits.

Marielle Franco, par son activisme, menaçait alors les intérêts économiques des deux frères, très influents. Bien qu'en prison, ces derniers conservent de nombreux soutiens et, selon un témoignage de la police fédérale obtenu par Mediapart, l'enquête policière a été parasitée par la disparition d'une partie des preuves et l'assassinat de témoins clés de l'affaire. Les proches de Marielle Franco, eux, veulent croire à cette justice, lente mais qui finit, un jour, par être rendue.