Jean-Hubert François, est un exploitant agricole, spécialisé dans le biologique. Il possède une parcelle de 20 hectares, où il élève en plein air, des poulets, des pintades, des oies, mais aussi des porcs et des lapins. La question des « soins animaliers » arrive rapidement dans les préoccupations d’un exploitant agricole, qui a plus de 3 000 animaux à gérer.
Je me souviens il y a 8 ans, mes porcelets mouraient, les uns après les autres. J’ai demandé au vétérinaire de venir, il n’est pas venu. Finalement j’ai pris mon porcelet sous les bras et je me suis retrouvé, entre un homme avec ses chiens, une dame avec ses chats, et moi le porcelet, sur les genoux. Je sors de Montsinery, pour aller à Montjoly plus de 30 minutes de route avec le porcelet.
Jean-Hubert François, agriculteur
Une autre fois, mes poules pondeuses, c’était l’hécatombe, j’ai perdu la moitié du cheptel, 900 poules. Je me suis résigné à faire une autopsie d’une volaille, pour comprendre ce qui arrivait. J’ai dû passer par l’institut Pasteur, puis envoyer dans un laboratoire spécialisé, à mes frais, en France. S’il y avait eu un vétérinaire pour les éleveurs, il aurait pu voir que c’était juste l’eau, car je laisse mes poules se promener à l’air libre, et elles sont allées dans une mare qui avait certaines bactéries. Je n’en veux pas aux vétérinaires, j’estime qu’il a le droit de faire son choix d’installation. Choisir les chiens, les chats, mais le problème, c’est qu’on nous laisse comme ça, cela relève de la compétence de la ctg ou de l’Etat. Pour moi, c’est leur responsabilité de mettre un véritable service vétérinaire pour les agriculteurs.
Jean-Hubert François
Pour cet agriculteur biologique, la solidarité et l’ingéniosité sont indispensables. Au sein des coopératives, il expose ses problèmes, ou peut aider un autre collègue. Jean-Hubert François souhaite réellement que ce "manque de vétérinaires agricoles" soit enfin résolu un jour.
Autre cas : une exploitation de brebis, boucs, et chèvres
Odile et Bob Robin, ont une exploitation, d’une vingtaine d’hectares dans la commune de Montsinéry, en pleine campagne. Un lieu plutôt bucolique, des brebis, des chèvres, des moutons, et des boucs, environ quatre-vingts animaux.
Tout est bien ordonné, d’un côté les chèvres laitières, de l’autre les boucs, les moutons, et le lieu le plus surveillé de l’exploitation, la « nurserie ».
Odile et Bob ont commencé, à tenir une exploitation agricole, il y a déjà 40 ans de cela, dans les Vosges, en France Hexagonale. Depuis une vingtaine d’années, ils se sont installés en Guyane, ils ont dû adapter, leur technique d’élevage, au climat, revoir leurs connaissances en matière de soins animaliers.
Ne pas avoir un vétérinaire, attitré pour soigner leurs animaux d’élevage, ils en pensent quoi ?
Bob Robin agriculteur
Pour nous, cela n’est pas fondamentalement un problème, mais on comprend bien sûr, ceux qui n’ont pas forcément pu suivre les formations spécifiques à leur élevage. Premièrement on a une petite exploitation, en 40 ans, on a l’expérience, et on a pu suivre également des formations, ce qui fait qu’on est plutôt autonome, pour les soins. L’essentiel est de toujours être attentif à la moindre bête. On surveille chacune matin, et soir. Pour détecter tout de suite, s’il y a un problème, "infection au niveau des mamelles, parasites etc."
Bob Robin agriculteur
On est attentifs, à leur alimentation, s’il faut on leur donne des vitamines. Mais on a mis en place un système d’élevage assez spécifique qui fait qu’on arrive à ne pas se laisser déborder, le tout c’est d’être vigilant.
Bob Robin agriculteur
Urgence vétérinaire…
En 20 ans, Odile et Bob Robin n’ont eu recours qu’une seule fois au service « d’urgence vétérinaire ». Que s’est-il passé ?
on avait une chèvre, la mise bas était compliquée. On a appelé la clinique vétérinaire, on a dû se déplacer, emmener notre chèvre, pour une césarienne de Montsinery, à Rémire Montjoly. Le vétérinaire a tout fait pour sauver le petit mais il n’a pas réussi. Ce sont des choses qui arrivent. Là dans ce cas, on a eu recours au vétérinaire, mais en règle générale, on arrive à gérer, notre cheptel, avec bien sûr une surveillance accrue, c’est au quotidien qu’on veille sur leur santé.
Odile Robin