Les fêtes communales en Guyane, un succès jamais démenti

Instants de fêts communales de Saint-Laurent et Sinnamary
Depuis le milieu du 20e, les fêtes des communes existent. Elles continuent de perdurer avec leurs élections de Miss, leurs défilés de mode, leurs tournois sportifs et autres amusements. Un fait sociétal qui montre l’attachement de la population à certaines traditions.

On ne peut pas dire que le temps soit figé en Guyane, entre reculades et avancées sociétales, certaines traditions perdurent. Ainsi les fêtes communales connaissent toujours le même engouement populaire. La preuve en est, cette année, avec le magnifique succès qu’ont connu, par exemple, les fêtes de Montsinéry, Macouria, Sinnamary, Saint-Laurent ou encore Mana.

Un grand moment de retrouvailles pour les habitants

Ces grands rassemblements populaires où tenues de gala et tenues décontractées se côtoient durent moins longtemps qu’auparavant, économie oblige. En moyenne, elles se déroulent sur 4 jours contre une semaine il y a 50 ans et proposent des programmes denses axés autour d’une grande nuit où le public se choisit sa reine.

Un moment de vie pris très au sérieux par les municipalités. À Saint-Laurent même la vente des baraques était déjà un pré-événement qui montre l’attachement du public à ces rituels qui marquent le temps des vacances. À Sinnamary, la matinée vente du poisson a été un moment très apprécié.

Michel Ange Jérémie, le maire de Sinnamary souligne qu’après le covid, la population avait hâte de retrouver une convivialité chère à sa commune, de renouer des liens essentiels pour le vivre ensemble.

« Les fêtes communales sont ancrées dans nos traditions créoles guyanaises comme un rendez-vous incontournable. À Sinnamary, nous avons voulu garder cette tradition qui fait la place au folklore, aux foires artisanales, aux foires agricoles… L’élection de la Miss est un rendez-vous mémorable de la fête de Sinnamary tout comme le concours d’élégance. Tous ces ingrédients participent au maintien du lien intergénérationnel et garantissent le succès populaire. Mais nous nous sommes aussi tournés vers la modernité, nous avons intégré la partie festival avec des prestations d’artistes de renom, le run color qui fonctionne très bien. La fête a désormais lieu tous les 2 ans car cela nécessite un budget important, cette année il était de 200 000 euros. »

Des fêtes communales uniques qui doivent perdurer

Pour Tano Brassé, animateur emblématique de la Guyane, ces manifestations continueront de perdurer car elles font partie de la tradition et sont uniques en leur genre dans l’ensemble ultramarin :

« Aux Antilles, ce sont des fêtes de quartiers qui sont clôturées par des podiums. Nos fêtes communales gardent leur popularité car elles donnent l'occasion aux gens de revenir dans leur commune de naissance… On retourne chez soi, dans la famille. La fête de Saint-Laurent remporte un gros succès tout comme celle de Sinnamary parce que c’est un temps rêvé pour les familles et les amis de se retrouver en grand nombre. Et puis, pratiquement toutes ces fêtes communales se déroulent en période de vacances scolaires. Cela apporte de l’animation et répond aux besoins d’activités de la population. Il n’y aurait sans doute pas autant d’engouement à d’autres périodes. »

Claude Joseph dit Ti Klod, adore ces manifestations, animateur radio et DJ reconnu de Saint-Georges, il a plaisir à animer ces fêtes :

« Il y avait un manque après les 2 ans de covid. Dans les communes, on ressentait une certaine frustration à n’avoir pas de manifestation d’ampleur. J’ai animé à Montsinéry, Mana, Sinnamary, ou Saint-Georges et j’ai constaté que les gens ont vraiment apprécié de voir leur commune animée et d’autres personnes venues à leur rencontre. Cela a amené de l’apaisement et sur le plan professionnel cela profite à beaucoup de monde, les hôtels sont remplis. Les personnes sont contentes de retrouver les jeux d’antan, manger le colombo chaud à Sinnamary par exemple, que certains lieux soient mis en valeur, les plans d’eau à Montsinéry, à Mana. Sans compter, les élections de Miss toujours aussi attendues. »

Seul bémol, pour Claude Joseph, la disparition, en dehors de Saint-Laurent, des baraques en bois remplacées par des installations en « plastique » certes plus durables mais moins attrayantes.

D’autres moments festifs sont attendus à Matoury, Cayenne, Kourou et dès la semaine prochaine à Rémire-Montjoly, les 8, 9 et 10 septembre devant l’hôtel de ville.