Les « immigrants » africains engagés en Guyane après l’abolition de l’esclavage de 1848 : une conférence passionnante de Céline Flory ce vendredi à la MCMG

L’histoire de la Guyane est décidemment pleine de mystères. Une conférence par Céline Flory, sur les « immigrantes » et « immigrants » africains engagés en Guyane après l’abolition de l’esclavage de 1848 est organisée ce vendredi 14 octobre à la Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane. Les Africains installés en Guyane au lendemain de la fin de l’esclavage n’étaient pas tous d’anciens esclaves.
La maison de la Culture et des Mémoires de la Guyane

C’est un épisode oublié de l’histoire de la Guyane : les « immigrantes » et « immigrants » africains engagés en Guyane après l’abolition de l’esclavage de 1848. Un thème passionnant qui pourrait remettre en cause quelques idées reçues. Une conférence de Céline Flory, est organisée ce vendredi 14 octobre à la MCMG.

Céline Flory, est chargée de recherche en histoire au CNRS et également membre du laboratoire Mondes Américains (UMR 8168) et du CIRESC (Centre International de Recherches sur les Esclavages et les Post-esclavages, UAR 2502). Cette intervention entre dans le cadre du cycle de conférence intitulé « Les Conférences des Archives ». 

De l'esclavage ...

L’esclavage et ses conséquences sont très vivaces dans les mémoires. La loi Taubira reconnaissant la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité a mis en lumière les réminiscences d'un passé obscur et peu reluisant. Aujourd’hui les filières, les routes des esclavagistes, et même les prix des esclaves sont connus.

Seulement, il s’avère que les Africains travaillant en Guyane au lendemain de l’esclavage, n’étaient pas tous des esclaves. En 1848 l’abolition de l’esclavage est promulguée. Les administrations coloniales et les propriétaires sont à la recherche d'une nouvelle main d'œuvre servile et malléable. "Ils appelèrent à un recours à l’engagisme ou, selon le terme de l’époque, « l’immigration réglementée »".

Un nouveau système de recrutement

Les députés votent une indemnité aux colons le 30 avril 1849, en dédommagement de la perte de leurs esclaves et de leurs plantations

Ainsi, le ministère de la Marine et des colonies mit en place un système, subventionné par l’État, d’introduction de travailleurs et travailleuses originaires d’Afrique, de Chine et d’Inde, sous contrat d’engagement de travail de plusieurs années.

Deux filières existaient : entre 1854 et 1857,  les recrutements s’effectuaient au sein de populations africaines jouissant d’un statut de libre.
Entre 1857 et 1859, en revanche, ils s’opéraient selon la méthode dite du « rachat préalable ». "Les recruteurs français achetaient des individus captifs sur des marchés d’êtres humains, un contrat d’engagement de travail de dix années à effectuer outre-Atlantique leur était proposé".

Histoire des immigrantes et immigrants africains engagés en Guyane après l'abolition de l'esclavage en 1848 ©DR

 

En Guyane, 1 809 d’entre eux arrivèrent en Guyane où ils demeurèrent pour la majorité jusqu’à la fin de leur vie. Environ, 51% de ces engagés africains (femmes et hommes) furent recrutés et engagés par le rachat préalable.

Céline Flory, s'est appuyée quasi-exclusivement sur des documents conservés aux Archives Territoriales de Guyane. Cette intervention retracera "le parcours migratoire de ces hommes et ces femmes,  leur recrutement ou rachat en Afrique, leur statut en colonie, leurs conditions de vie et de travail et celles de leur insertion au sein de leur nouvelle société".

Une conférence qui promet d’être passionnante, ce vendredi à partir de 18h à la Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane.