Mais où sont les bananes guyanaises ? Les habitués des marchés l’auront sans doute remarqué, ces derniers mois, les régimes sont de moins en moins nombreux sur les étals. « Les bananiers n’arrivent pas à donner. Ils meurent avant de fournir. D’après des analyses qui ont été faites [par la Chambre d’agriculture NDLR] ce serait lié à un champignon », témoigne Gilles Bannavong, producteur à Macouria, derrière son stand au marché de Matoury
Champignons pathogènes
"La variété la plus vulnérable c'est la banane pomme. Et c'est celle à laquelle les gens sont habitués, donc que l'on vend le plus", poursuit-il en montrant les quelques régimes encore présents sur son étalage. Du côté des revendeurs qui s’approvisionnent essentiellement au Surinam, on répète aussi qu’il est très difficile de trouver des bananes guyanaises de nos jours. Résultat, les prix augmentent. Chez Gilles Bannavong, le kilo est passé à quatre euros contre trois auparavant.
Cette baisse de la production est liée à la contamination de divers champignons pathogènes. Pour Gilles Bannavong, le coupable c'est la fusariose, surnommée « maladie du Panama », qui s’est répandue à travers le monde ces dernières décennies, et a atteint l’Amérique du Sud en 2019. Le pathogène est capable de survivre plus de trente ans dans le sol, ce qui lui laisse le temps de se répandre dans les exploitations, au gré des ruissellements.
Ce nouveau fléau vient s’ajouter à la cercosporiose noire, une autre maladie fongique qui affecte les feuilles des bananiers, entravant la croissance de la plante et réduisant les rendements. Aux Antilles, où elle a été détectée en 2010, cette maladie explique en grande partie la baisse de 30 % de la production locale, sur les dix dernières années comme l’ont rappelé les producteurs antillais présents au Salon de l’Agriculture à Ouest-France.
Recherches génétiques
Outre ces maladies, les sécheresses récurrentes jouent aussi leur rôle dans la crise. « Nous ne sommes pas touchés par les champignons mais on a vraiment un manque d’eau et c’est pour cela qu’il y a moins de bananes chez nous », confie Mangvoradeth Bouavanh qui exploite 20 hectares en maraîchage à Macouria et dont le manque à gagner atteint parfois la moitié de la production ordinaire. En accroissant la fréquence et l’intensité des sécheresses, le dérèglement climatique risque d’aggraver la situation dans les prochaines années.
Pour lutter contre le développement des maladies qui menacent la banane à l’échelle mondiale, des recherches génétiques visant à créer des variétés plus résistantes sont menées, notamment par le Centre de coopération international en recherche agronomique (CIRAD). Sur le terrain, les agriculteurs s’adaptent comme ils peuvent, en déplaçant par exemple leurs bananiers hors des parcelles infectées. Christian Epailly, producteur à Montsinery a choisi lui, de se lancer dans une production de bananes sous serre qui donnera dans quelques mois. Une expérimentation que suivront de près les producteurs Antillais et Guyanais affectés par les maladies.