Ce 18 avril 2022, au rond-point Califourchon de Matoury, des dégradations ont été constatées sur une partie de la statue du chaman amérindien. La Fédération Lokono de Guyane, chargée de promouvoir et de défendre les droits Amérindiens de Guyane et de favoriser le développement sportif et socio-culturel, économique et environnemental, dénonce un acte de vandalisme.
"C'est un geste intolérable et un total manque de respect, une atteinte à la mémoire et aux symboles de toute la communauté autochtone", note l’organisme sur Facebook. En rappel, elle a été inaugurée en août 2012, lors de la deuxième édition des Journées des peuples autochtones de Guyane. Les chefs coutumiers, le président de la CTG de l’époque ou encore Christiane Taubira étaient présents. Elle symbolise l’unité des six nations amérindiennes de Guyane.
« S’attaquer à cette symbolique, c’est s’attaquer aux peuples premiers »
Aux pieds du chaman, se trouvent une femme et son enfant. Ils représentent le lien familial et les générations futures. C’est justement cette partie de la statue qui a été vandalisée. Un sachet en plastique avait été déposé sur la tête de la mère. Des entailles ont également été faites sur son visage, puis sur le reste de la statue, avec un objet contondant. Pour Anne-Marie Chambrier, présidente de la Fédération Lokono, ces gestes sont intolérables.
S’attaquer à cette symbolique, c’est s’attaquer aux peuples premiers, mais aussi à [l'ensemble de] la population guyanaise. C’est une forme de vandalisme, d’agression envers nos peuples.
Anne-Marie Chambrier, présidente de Fédération Lokono de Guyane
Une signification spirituelle, au-delà du symbolique
Pour les Teko, les Wayãpi, les Kali’na, les Lokono, les Paykweneh et les Wayana cette statue a aussi une valeur spirituelle. Des cérémonies chamaniques y sont organisées lors des journées des peuples autochtones, notamment.
Olivier Manewamo, fils du défunt chaman Alwin Manewamo (l’un des derniers chamanes et guérisseur de l’ouest guyanais), estime que "c’est plus qu’un monument, c’est le rassembleur des peuples autochtones de la Guyane".
Il y a des esprits qui veillent sur le monument et chaque année, on les honore. Les personnes qui ont fait ça se sont attaquées au chaman. Ce chaman a un esprit en lui.
Olivier Manewamo
Notez que la présidente de la Fédération Lokono de Guyane, organisme responsable de l'entretien de la statue, a l’intention de porter plainte pour "acte de vandalisme sur monument public".