La santé mentale est au coeurs des enjeux des politiques de santé publique. La pandémie covid a été un catalyseur dans ce domaine. La souffrance mentale a augmenté, il est nécessaire de consacrer plus de moyens fianciers et humains pour la combattre.
Mise en ligne le 5 avril dernier, la plateforme « MonPsy » fait déjà l’objet de critiques acerbes au plan national.
Un dispositif difficilement acceptable pour la profession
En Guyane, l’expression est davantage mesurée mais dans la droite ligne de la mobilisation nationale nous a expliqué Constance Leconte, Présidente de l’Association Guyanaise des Psychologues - AGP « Nous sommes dans le même état d’esprit que nos collègues de métropole. Notre position est de suivre les mouvements et les organisations nationales qui défendent la profession sans pour autant prendre parti pour les psychologues libérales de Guyane qui souhaiteraient être conventionnées dans le cadre de ce dispositif. »
et de rappeler :
« MonPsy » est un dispositif qui a été remis en question et a suscité des mouvements dans l’hexagone en juin et septembre 2021. Il devait répondre aux besoins des populations de tout le territoire par rapport aux remboursements qui n’étaient pas pris en charge par la sécurité sociale jusqu’à présent. Il prévoit 8 séances par an de prise en charge psychologique pour toute personne à partir de 3 ans. La première autrement dit, l’évaluation, coûte 40 euros et les sept autres consultations de 30 à 40 minutes sont facturées 30 euros. Cela est valable à compter de l’âge de 3 ans jusqu’à l’âge adulte mais il faut obligatoirement être orienté par un médecin. »
Des dispositions limitantes pour les professionnels comme pour les usagers
Les psychologues doivent répondre à des critères impératifs pour être éligibles au dispositif : avoir 3 années d’expérience professionnelle en psychologie clinique ou en psychopathologie. Il leur faut s’inscrire sur une plateforme et faire acte de candidature pour être conventionné par la sécurité sociale. L’inscription à l’Agence régionale de santé est aussi obligatoire. Une commission a 4 mois pour donner son avis sur les dossiers des requérants. Si tout est acté ces professionnels de santé sont inscrits sur une plateforme nationale comme psychologues conventionnés. Constance Leconte précise : « N’importe quelle personne ne peut pas être suivie, cela est limité à certaines intensités de souffrance psychique. »
Ce qui est parfois difficilement mesurable d’emblée. Dans certains cas, plusieurs séances d'évaluation sont nécessaires avant d'engager un suivi thérapeutique.
L’association guyanaise des psychologues laisse toute liberté à ses adhérents de s’inscrire ou pas dans ce dispositif. Tous les psychologues de Guyane ne sont pas adhérents de l’association, il y aurait globalement de 120 à 150 psychologues en Guyane. Beaucoup d’entre eux travaillent en milieu hospitalier ou dans le domaine médico-social et autres domaines, toutes spécialités confondues.
Le patient doit faire l'avance des frais
Si ce dispositif « MonPsy » qui permet un remboursement de 8 séances de psychothérapie constitue une avancée, il y a la question de la déontologie et de l’autonomie professionnelle qui se pose :
« Nous ne sommes pas des paramédicaux. Au départ le gouvernement voulait que cela soit fait sur prescription médicale. La question de la confidentialité est importante dans l’approche thérapeutique et dans l’établissement d’un lien de confiance qui est indispensable. Cela pourrait être mis en péril. Il y a des comptes rendus obligatoires à faire au médecin qui aura orienté son patient. »
Constance Leconte rappelle qu’en Guyane les listes d’attente sont longues dans les institutions pour ces consultations psy, il y a des mois d’attente. Par ailleurs on observe que dans le secteur libéral, les psychologues sont de plus en plus sollicités. « La prise en compte de la santé mentale est une demande de la profession depuis de nombreuses années. Nous avons à cœur de pouvoir offrir des services à un plus grand nombre de personnes. Le remboursement est une réponse mais là encore il faut être assuré social pour rentrer dans le dispositif « MonPsy ». Et de toutes les façons, il faut faire l'avance des frais pour être remboursé.
Jusqu’à présent en dehors des institutions spécialisées, seuls les usagers qui avaient les moyens de payer une psychothérapie chez un professionnel libéral pouvaient prétendre à un suivi. En général, les tarifs dans le secteur libéral sont de 60 euros, la séance. Mais, précise Constance Leconte, le plus souvent, les libéraux prennent en compte les revenus des personnes qu’ils accueillent.