Il pleut en abondance en Guyane pour cette saison des pluies 2022. Certaines sorties en forêt en deviennent dangereuses. Le site du Bagne des annamites, de fait, est difficilement accessible. De quoi s’interroger sur le sort des condamnés indochinois qui ont valorisé ce site de la commune de Montsinéry-Tonnégrande alors qu’ils y vivaient un enfer au début du 20e.
Des indochinois condamnés à la relégation en Guyane
Acquis en 2012 par le Conservatoire du Littoral, le site des ruines du bagne des Annamites a été réhabilité et rouvert officiellement au public en 2016. Le chemin qui s’enfonce dans la forêt est entièrement balisé avec des panneaux qui relatent l’histoire sinistre de centre pénitentiaire.
C’est en 1931 que le camp de crique Anguille a été construit par des prisonniers de droit commun. En 1932, la colonie guyanaise va y mettre des indochinois qui s’étaient révoltés contre le pouvoir colonial en Indochine (aujourd’hui le Viêt Nam). Une partie de ces résistants nationalistes indochinois est donc déportée à Montsinéry –Tonnégrande, un autre contingent à Sinnamary à Saut-Tigre et à Saint-Laurent-du-Maroni. Cela représente en tout 500 relégués indochinois dits annamites dont 200 environ envoyés à crique Anguille. C’est un site d’environ 34 hectares en pleine jungle.
La vie carcérale est terrible et nombre de ces prisonniers vont mourir de faim, de maladies et de mauvais traitements. Pour cela, il suffit de visiter les cachots à ciel ouvert pour mesurer la cruauté d’un système déshumanisant. A la fermeture définitive de ce centre pénitentiaire en 1945, quelques-uns de ces bagnards parviendront à retourner dans leur pays d’origine. Les autres rejoindront Cayenne et s'installeront au village chinois.
Une procédure de reconnaissance au patrimoine des monuments historiques en cours
Pour le maire Patrick Lecante ce site, très fréquenté et entretenu grâce aux subsides de la commune, du conservatoire du Littoral, de la Fondation Trésor et de l’État, doit être d'avantage valorisé. Il y a lieu, pour le 1er édile, de le classer rapidement au patrimoine des monuments historiques de France. Cette procédure qui est à l’étude depuis 2 ans permettrait, notamment, de mutualiser les moyens d’entretien et de valorisation : « Ce site revêt à la fois un intérêt touristique et faunistique et contient des ruines dont l’intérêt exige un classement aux monuments historiques… Depuis plus de 10 ans, il est question de cela avec la DAC… Entre temps, le site est régulièrement pillé et des vestiges se retrouvent en vente sur le net… Ce matin, nous avons pris date que cette procédure devrait aboutir d’ici juin 2022. »
Près de 30 000 personnes visitent ce site historique chaque année. Il convient de régler la question de son entretien, de l’accès au secours et d’agrandir le parking. De plus, ce sentier n’est toujours pas inscrit au PDIPR, le plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées géré anciennement par le conseil général et maintenant par la Collectivité territoriale. Un outil qui permet aux municipalités d’être aidées pour l’entretien de leurs sentiers.
Le prochain chantier de la mairie pourrait concerner le site de crique Patate qui, en sa qualité de site lacustre intéresserait le Conservatoire du littoral.