Vivre de pêche et de chasse
Une vie au rythme de la nature : depuis quarante ans, Jean-Pierre Terpereau habite au bord de la Montsinéry, à un quart d’heure de canoé de la route départementale (RD5). Il a construit une maison de ses mains et défriché pour cultiver. Dans son abattis, cramanioc, patates douces, ananas, arbres fruitiers…Jusqu’à 65 ans, ce célibataire vivait avec 500 euros mensuels de RSA. Depuis 4 ans, fini le RSA, il touche sa retraite. Ayant peu cotisé, cela fait 30,90 euros par mois. Mais comment vit-on avec si peu d’argent ? Réponse de l’intéressé : « Citation »
"D'abord vous travaillez sur votre abattis. Vous plantez ce que vous pouvez, vous allez cueillir en forêt, vous chassez et vous pêchez, avec les 30 euros qui restent vous achetez les produits de base"
Une longue attente
En 2015, il fait une demande d’ASPA, l’Allocation de Solidarité aux Personnes Agées. Il s’agit d’un complément à la retraite qui garantit un revenu minimum de 903 euros à partir de 65 ans. La CGSS, la Caisse Générale de Sécurité Sociale rejette sa demande pour une imprécision supposée sur son domicile, établi chez un ami à Montsinéry-Tonnégrande, où il vit une partie de l’année. Le retraité ne se résigne pas à vivre avec 30 euros par mois. Il saisit la justice. Décision confirmée en appel en décembre 2019. Selon Jean-Pierre, la CGSS n’a toujours pas exécuté le jugement. La caisse a été condamnée à verser l’ASPA au retraité avec une rétro activité de cinq ans, soient près de 47 000 euros. Le retraité a saisi tour à tour deux huissiers pour récupérer l’argent, mais ils ont refusé au motif du conflit d’intérêt, car ils travaillent aussi pour la sécurité sociale. Jean-Pierre dit ne plus avoir de CMU. Il n’a pas non plus les moyens de payer à l’ONF la redevance d’occupation précaire de son terrain et se voit menacé d’expulsion."Vous ne pouvez pas trouver d'habitation en Guyane. Comme c'est un hébergeant, on finit par refuser votre dossier. Le tribunal m'a donné raison. Il récuse l'argumentaire de la CGSS."
Le goût amer de l'injustice
Quand il n’est pas sur son abattis ou en forêt, le retraité lit et peint. Une vie en liberté, même si elle a en ce moment, le goût amer de l’injustice… Saisie jeudi après-midi sur ce cas, la Caisse Générale de Sécurité Sociale nous donnera un retour au début de la semaine prochaine, le temps de « coordonner la réponse sur un dossier qui présente de multiples aspects », nous a précisé la CGSS ce vendredi.